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vendredi 21 avril 2023

Livres pour enfants : six ouvrages sur la magie des grands-parents

Par  et   Publié le 27 janvier 2023

Le tendre souvenir d’un grand-père dans « Arno et son cheval », les bras aimants d’une mamie dans « L’amour, c’est quoi ? », des aïeux qui embauchent plus petits qu’eux dans « Bronto Mytho Papi » et « Chantier chouchou debout »… Six ouvrages sur les liens doux qui unissent ces deux générations.

> Hors du nid de grannie

« L’amour, c’est quoi ?  », de Mac Barnett et Carson Ellis.

L’amour, c’est quoi ? Vaste question ! Dans cette fable aux magnifiques aquarelles, le personnage de la grand-mère n’apporte pas de réponse, mais pousse l’enfant à aller les chercher par lui-même. Le jeune héros quitte la maison du bonheur (une bâtisse rassurante, un magnifique jardin fleuri entretenu par la mamie) pour mener son enquête à travers le monde. Un poète lui répond, ainsi qu’un chat, un pêcheur, une charpentière, un comédien… donnant à chaque fois une définition différente et pas tellement éclairante de l’amour (« C’est comme une épée ! », lui assure le soldat). Au terme de son voyage, l’enfant, devenu adulte, rentre chez sa grand-mère, et, dans ses bras, trouve enfin les réponses à ses interrogations. C’est beau, bien ficelé, ça se lit et se relit à l’infini.

« L’amour, c’est quoi ? », de Mac Barnett et Carson Ellis, traduit de l’anglais par Aimée Lombard (Hélium, 40 p.). Dès 4 ans.

> Grand-père cow-boy

« Arno et son cheval », de Jane Godwin et Felicita Sala.

C’est l’histoire d’un garçon qui a perdu son jouet préféré, un petit cheval de bois. Au fil des pages, Arno le cherche dans tous les endroits possibles avec ses amis, mais l’objet reste introuvable. Son absence bouleverse l’enfant, qui a du mal à expliquer pourquoi le cheval a tant de valeur. Evidemment, le lecteur adulte comprend assez vite ce que symbolise ce jouet : le grand-père cow-boy qui n’est plus de ce monde, qui racontait des souvenirs équestres à son petit-fils et qui lui avait sculpté un petit animal en bois « au temps où il n’était ni fragile, ni malade, ni triste ». L’air de rien, en parlant d’une babiole perdue (puis retrouvée, ouf !), l’album soulève la question difficile de l’être aimé qui nous a quitté.

« Arno et son cheval », de Jane Godwin et Felicita Sala (Bayard, 36 p.). Dès 4 ans.

> Petit-fils deviendra grand

« La Bourrasque », de Mo Yan et Zhu Chengliang.

L’histoire commence comme un conte initiatique. Un grand-père décide d’emmener pour la première fois son petit-fils, qui vient d’avoir 7 ans, dans la prairie sauvage où il fauche l’herbe. Le trajet est empreint d’une certaine gravité, car l’enfant admire son aïeul et le paysage. Une fois arrivés, ils se mettent à l’ouvrage, et en profitent pour faire un délicieux déjeuner de criquets rôtis – mention spéciale aux cris déclenchés par tant d’exotisme chez les lecteurs français… C’est au retour que le livre se transforme. Car une violente bourrasque contraindra l’enfant à porter secours à ce grand-père tutélaire, renversant soudain les valeurs. Un texte délicat écrit – s’il vous plaît ! – par le Prix Nobel de littérature Mo Yan.

« La Bourrasque », de Mo Yan et Zhu Chengliang, traduit du chinois par Chun-Liang Yeh (HongFei, 44 p.). Dès 6 ans.

> Papi ankylosaure

« Bronto Mytho Papi », de Davide Cali et Sébastien Mourrain.

Aller passer une semaine de vacances chez papi Bertrand, la tannée ! Axel l’aime bien, parce qu’il mange, souffle et ronfle comme un ankylosaure, mais de là à se réjouir de ce tête-à-tête imposé par ses parents, il y a du chemin. Nous autres, les parents, on l’adopte assez vite, ce papi Bertrand qui se fait un sauciflard de temps en temps, et qui se verse un petit verre de rosé en milieu de matinée tout en donnant des ordres à son petit-fils dans le jardin : courgettes, romarin, tomates… Ça bosse dur pendant que papi Bertrand pique du nez sous son arbre avec son transistor. On l’aime encore plus en découvrant à la fin qu’il a enterré dans ledit jardin un squelette de dinosaure (en plastique, mais chut) pour qu’Axel tombe dessus par hasard… et passe les meilleures vacances du monde.

« Bronto Mytho Papi », de Davide Cali et Sébastien Mourrain (Sarbacane, 32 p.). Dès 5 ans.

> Grand-mère couronnée

« Ma grand-mère », de Maria Elina.

Le temps d’un après-midi, Léon rend visite à sa grand-mère. Elle n’est pas comme d’habitude : elle marche pieds nus dans la boue, oublie le prénom de son petit-fils et, « encore plus bizarre », ne propose pas de rentrer quand l’air fraîchit. Bref, elle n’est plus tout à fait une grand-mère, voire plus tout à fait une adulte. C’est parce qu’elle a un secret, qu’elle livre à Léon : elle est une reine en son château. A la beauté graphique de cet ouvrage sur la démence s’ajoute une forme de poésie textuelle. Léon et sa grand-mère parlent la même langue, une langue dans laquelle les frontières entre la réalité et l’imaginaire sont abolies.

« Ma grand-mère », de Maria Elina, traduit de l’espagnol par Lise Capitan (Obriart, 44 p., 18). Dès 4 ans.

> Mamie déménageuse

« Chantier chouchou debout », d’Adrien Albert.

Chez cette grand-mère-là, pas d’atelier biscuits ni de leçons de broderie. Pas de sieste devant la télé ni d’interminables après-midi d’ennui. Chez mamie Georges, ça déménage. Au sens propre : la jeune narratrice arrive le samedi matin pour le week-end et, ni une ni deux, c’est « Chantier chouchou ! », hurle la mamie – il faut nettoyer la maison en grand. Ce qui implique de tout démonter, y compris les murs, jusqu’à une machine à laver géante dans le jardin. Dans le monde loufoque qu’a inventé Adrien Albert, on se nourrit de chips et de menthe à l’eau, on passe la nuit endormi avec des miettes sur le canapé, on a une grand-mère aux muscles d’acier. Bref, le délire, rêve absolu, formidablement illustré par des dessins que l’on croirait sortis d’un film de Tati.

« Chantier chouchou debout », d’Adrien Albert (L’Ecole des loisirs, 40 p.). Dès 4 ans.


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