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lundi 15 novembre 2021

Protection de l'enfance Placements à l’hôtel des mineurs «incasables» : «Comment tu veux être adapté à la vie en sortant de là ?»

par Marie Piquemal et Quentin Girard  publié le 15 novembre 2021

Une fois les solutions en foyer ou en famille d’accueil épuisées, de nombreux jeunes, estampillés «cas complexes», échouent à l’hôtel, faute de mieux. Ils sont surveillés vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour certains, souvent déscolarisés. Un dispositif aussi inadapté que coûteux.

Sur la façade, les trois étoiles de cet appart-hôtel, en bordure de Paris, sont en dorées et brillantes. On y entre comme dans un hall de gare. De larges allées, recouvertes de dalles, bordées d’arbustes entretenus. L’endroit fait penser aux résidences Pierre et Vacances : des petits studios, avec coin kitchenette, baie vitrée et table de jardin. Un ado, 15 ans, est posé sur une chaise en plastique, absorbé par des vidéos sur le téléphone. «Tu ne vas pas à l’école ?» Non, de la tête. Il sourit pour signifier la bizarrerie de la question. Cela fait deux ans qu’il n’a pas mis les pieds au collège. Il passe ses journées ici, sur ce perron, sans perspective. En nous entendant, un homme sort de la chambre : c’est un éducateur, embauché par une boîte d’intérim pour le «surveiller» non-stop. Il est plutôt bavard, content d’échanger – les journées enfermées ici à deux, sont longues. «Il faut le garder à l’œil tout le temps, sinon il s’automutile. L’école, ce n’est plus possible pour lui, il est capable de se planter le compas dans le bras…» Il ajoute, en balayant du regard l’endroit : «Il n’est pas le seul ici. De plus en plus de gamins se mettent en danger.» Lui a pris l’habitude d’enfermer fourchettes et couteaux dans le coffre-fort de la chambre.

L’éducateur s’écarte, pour parler sans que le gamin entende : «A sa place, je me tuerai. Il ne peut plus croire en personne.» Il s’arrête dans sa phrase. «C’est un incasable, comme on dit», l’un de ces enfants que plus aucun foyer ou famille d’accueil ne veut prendre en charge. Et échoue à l’hôtel, faute de mieux. Les «cas complexes»,lit-on dans la paperasse de l’Aide sociale à l’enfance (l’ASE, anciennement la Ddass). Avec des variantes, selon les départements : en Seine-Saint-Denis, par exemple, ce sont les«TGD» (pour «en très grande difficultés») voire les «ultras TGD».

Depuis des années, l’ASE délègue «les gamins dont personne ne veut» à des boîtes d’intérim privées, qui négocient des nuitées au prix le plus bas et du personnel. C’est devenu un business. Aujourd’hui, entre 7 500 et 10 500 enfants vivent dans des chambres, parfois à côté des touristes et des travailleurs de passage. La plupart d’entre eux sont ce qu’on appelle les mineurs non accompagnés : ces jeunes migrants qui arrivent en France peu avant leurs 18 ans. Ils ont les mêmes droits que n’importe quel ado, mais pour des raisons politiques, certains départements, en charge de la protection de l’enfance, les traitent différemment… et les envoient là, loin des centres-villes et des regards. Sans accompagnement. Une fois majeurs, ils sont remis à la rue.

«C’est ce système, ces ruptures à répétition, qui les a broyés»

A leurs côtés, on trouve une autre catégorie de mineurs, parfois beaucoup plus jeunes. Eux ont grandi en France. Le juge les a confiés aux services de l’ASE pour les protéger d’un univers familial qui déraille. Mais parfois à 8 ou 9 ans à peine, certains atterrissent dans une chambre d’hôtel, parfois pendant des années. Selon un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (l’Igas), publié en novembre 2020, ils seraient près de 500, normalement surveillés vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Une fortune : 300 000 euros par an et par personne, soit environ 150 millions d’euros par an. «Ces placements existent depuis longtemps, mais jusque-là, on n’en parlait pas. Trop tabou», dit de façon abrupte la directrice de la formation continue à l’Ecole supérieure de travail social, Pascale Breugnot. La colère la rattrape : «Cela coûte à la collectivité un argent fou alors que cette solution n’est jamais adaptée.»

«Quand tu es trop envahissant, que tu as trop conscience des dysfonctionnements de l’ASE, ils te mettent à l’écart. Ils ont tout fait pour me pourrir la vie.»

—  Thiefaine, 21 ans

La chercheuse au CNRS Isabelle Frechon a étudié leur parcours. Tous ont un point commun : «Ils ont connu un nombre très important de structures depuis leur placement à l’ASE. A force de ruptures, quelque chose s’est cassé en eux, si bien qu’ils n’ont plus du tout confiance en l’adulte. C’est ce système, ces ruptures à répétition, qui les a broyés. Pas l’inverse. C’est important de leur dire.»

L’un de ces jeunes, parachuté depuis six mois dans un hôtel de Villejuif, nous a contactés. Il n’a même pas 14 ans. Par sécurité pour lui, nous gardons secrète son identité, mais, sans son alerte, cet article n’aurait pas été écrit. Sassoum (1) est placé depuis l’âge de 5 ans. Sa mère, passée aussi par la Ddass, le battait. Entre les foyers et les familles, il a connu près d’une vingtaine de structures d’accueil. Parfois cela se passait bien, parfois non. A force d’être déplacé, il ne croit plus dans les adultes. Il se rebelle contre ses conditions de vie. Des accès de violence, des fugues à répétition. Il erre des jours durant, prend le train, a des fréquentations dangereuses. «Je mange des chips. Je marche tout le temps la nuit, parce que dormir, ça fait peur.»

Des incasables qui deviennent vite invisibles

Depuis sa dernière fugue, les éducateurs ont pour consigne de«l’enfermer à clé. Les fenêtres sont condamnées pour ne pas que je m’enfuie. Mais je ne vais pas souffrir en silence», explique-t-il un soir, au téléphone. Sassoum passe ses journées à regarder la télévision sous la surveillance d’intérimaires. «Ce sont des gens que je vois une fois et c’est tout. Je ne leur parle pas, je ne veux pas m’attacher.» Il n’a pas d’interactions sociales, ou très peu. Pour le sociologue Jean-Yves Barreyre, ancien éducateur de rue, «ces enfants-là sont dans un mal-être tel qu’ils ne supportent plus le collectif, il faut inventer autre chose. Sinon, ils deviennent violents. Envers eux, envers les autres. Ils sont dans un processus d’échappement permanent. Et on les envoie à l’hôtel, alors que ce n’est pas une solution viable». Une voie sans issue. Et sans illusions.

Sassoum, des trémolos dans la voix, dit : «J’ai l’impression d’être tout seul. C’est très compliqué pour moi de devoir compter les heures. Les journées passent extrêmement lentement. Je mène une vie de glandeur : je dois rien faire, je dois patienter.» Une de ses anciennes éducatrices, Aline (1), s’énerve : «C’est inhumain. On prépare des fous. Si un jour il fait un truc de malade, j’espère qu’on ira chercher les vrais coupables.»

Depuis plus d’un an, Sassoum ne va plus au collège. Il a toujours eu une scolarité très chaotique. Il a peur de ne jamais retourner en cours, de ne plus pouvoir rattraper son retard, déjà important. Combien comme lui ne vont pas à l’école ? Le rapport de l’Igas ne le dit pas. C’est pourtant un droit et l’instruction, une obligation jusqu’à l’âge de 16 ans. Questionné sur la scolarisation, le cabinet du ministre Adrien Taquet, chargé de la protection de l’enfance, reconnaît être dans le brouillard : «Nous n’avons pas ces chiffres.» Samedi soir, le secrétaire d’Etat a été interpellé par le militant des droits de l’enfant Lyes Louffok sur le sort des enfants placés, sur France 2 – la chaîne diffuse d’ailleurs l’Enfant de personne, fiction adaptée de son livre autobiographique, ce lundi.

Une fois écartés ainsi, les incasables deviennent vite invisibles. Thiefaine a 21 ans, et a été placé dès l’âge de 4 ans. Il est persuadé qu’une fois qu’ils sont déscolarisés, rien n’est fait pour les aider. Lui n’a plus posé son cartable en cours depuis ses 13 ans et a été placé à l’hôtel de ses 16 ans à sa majorité. «Quand tu es trop envahissant, que tu as trop conscience des dysfonctionnements de l’ASE, ils te mettent à l’écart. Ils ont tout fait pour me pourrir la vie.» Thiefaine a été envoyé d’un établissement à l’autre. Dans le premier, à Pantin, des rats se baladaient dans les chambres. Les parcours des «incasables» se ressemblent. Ils se font écho. «Numéros», «gardiennage», «l’impression d’être une valise» : les enfants que nous avons rencontrés ne se connaissent pas, mais ils utilisent les mêmes mots.

«Comment tu veux qu’en sortant de là, un jeune soit adapté à la vie ?»

Comment peut-on alors dépenser un tel argent public pour une prise en charge si éloignée des besoins ? La mort d’un ado, dans un hôtel des Hauts-de-Seine, a obligé le gouvernement à réagir – ou au moins à en donner l’impression. C’était en décembre 2019. Le secrétaire d’Etat Adrien Taquet avait annoncé quelque temps après l’interdiction de ces placements. Avant de rétropédaler : le projet de loi, voté en première lecture le 8 juillet et qui passera devant le Sénat le 14 décembre, pose certes le principe de l’interdiction… Sauf en cas d’urgence. «La blague. Cela ne change rien. C’est toujours une solution d’urgence», rage Delphine Moretti, assistante sociale à l’Aide sociale à l’enfance dans les Bouches-du-Rhône et représentante CGT. Réponse du cabinet du ministre : «Pour la première fois, le principe de l’interdiction est posé. Ce sera plus encadré.» Avant d’ajouter, agacé : «C’est une perte de chance. L’Igas l’a écrit, le ministre le sait. Mais la vérité, c’est que des associations, qui clament le scandale de l’hôtel, nous ont rappelées par-derrière en suppliant de la souplesse parce qu’elles ne savent pas où mettre ces enfants.»

«Mais t’imagines toute l’éducation qu’on pourrait avoir avec cet argent ? Ils mettent de l’argent pour rien dans les hôtels, au lieu de les mettre dans des écoles.»

—  Sassoum, 14 ans

La réalité est complexe. «C’est un non-sens, je le conscientise. Mais de façon très ponctuelle, on est parfois obligés. Je n’en suis pas satisfait mais on n’y arrive pas toujours autrement», reconnaît l’éducateur spécialisé David Frayssé. Il aime ce métier, qu’il exerce depuis vingt ans, et en connaît les recoins. «J’en ai gardés dans des Formule 1… A l’époque, on a créé des monstres. Comment tu veux qu’en sortant de là, un jeune soit adapté à la vie ?» En 2016, il s’est greffé dans cet appel à projet lancé par le département de Seine-Saint-Denis. La feuille de route : inventer des plans B, pour ces «incasables». Ces cinq dernières années, le service qu’il dirige, la «Metis», au sein de l’association Rencontre 93, a accueilli 30 gamins : certains en semi-autonomie dans des appartements, d’autres logés chez des assistants familiaux spécialisés dans une maison de fonction. La journée, ils sont dans les locaux de la Metis : une ancienne gendarmerie relookée, avec des salles de détente comme des décors de séries télé, dont une pièce à l’étage pourrait presque faire penser à une salle de classe.

«On organise des ateliers de remédiation scolaire, avec des cours par correspondance du Cned pour ceux qui ne peuvent pas aller à l’école parce qu’ils sont violents ou souffrent de troubles du comportement.»Ça marche plutôt bien, même si tout tient à un fil. Sur les 30 gamins, 3 ont quand même eu un passage par la case hôtel. «On n’a pas réussi autrement.» Pour ces expérimentations, le département de Seine-Saint-Denis met les moyens : 450 euros par jour, par enfant considéré TGD par une commission pluridisciplinaire (avec des inspecteurs de l’ASE, un médecin, un psychologue, représentant de l’Education nationale…). En ce moment dans ce département, 27 sont étiquetés cas complexes sur les 6 000 prises en charge. «TGD, c’est aussi un label. C’est malheureux à dire, mais c’est aussi un prix de journée beaucoup plus élevé que pour les autres», explique David Frayssé.

«Même dans les foyers avec beaucoup de monde, j’étais tout seul»

Les premiers concernés le savent. «Ton budget, c’est plus le même. Tu passes à trois chiffres quand ils estiment que tu es instable, que tu n’es plus “gérable” pour eux», explique Allan (1), en mimant des guillemets avec ses mains. Posé dans un canapé, lumière éteinte, avec ses grosses bagues aux doigts, dans l’un des espaces détente de la Metis, il remonte le fil de son histoire : il a été étiqueté «instable» à 12 ans, et le vit plutôt comme une bonne chose : «J’ai toujours eu ce que je voulais. Avant que j’arrive ici, ils ont envoyé un éducateur dans le foyer qui était là que pour moi. Un mec des cités. Sympa. J’avoue, j’ai profité : on s’est fait des cinés à deux, des sorties. Il y avait le budget. C’est toujours ça de pris.» Il dit sans regarder : «Je n’ai besoin de personne. Je suis seul depuis que je suis né. Même dans les foyers avec beaucoup de monde, j’étais tout seul.» Il explique avoir«appris à faire comme ça», à ne pas créer de lien. «Je ne veux pas m’attacher aux gens, ça évite d’avoir de la peine. Quand tu sais qu’on peut te déplacer du jour au lendemain, c’est mieux.» Allan a arrêté de compter le nombre de foyers et de familles d’accueil, «ça ne sert à rien».

A 23 ans, Lina (1) aussi est incapable de dire par combien de structures elle est passée. Elle a été inscrite dans sept collèges et a aussi porté l’étiquette «cas ingérable», sait qu’elle «coûtait cher. On te le répète souvent». Elle se souvient avec précision du pourquoi : «Je m’étais retrouvée dans une structure avec des plus grandes. Au début, ça avait été dur et puis, je m’y étais habituée. J’étais bien. Surtout, il y avait un club de hand dans la ville, j’étais à fond, et pour la première fois j’avais créé un lien avec d’autres filles. J’avais le sentiment d’appartenir à autre chose qu’au foyer.» Un lundi soir, coup de fil de sa référente ASE… Elle l’informe de son déplacement deux jours après dans un foyer pour enfants de sa tranche d’âge. «J’ai pas supporté. Tout perdre encore.» A 14 ans, elle fugue pendant plus d’un mois. Se prostitue. Elle n’en sortira que des années après, avec difficultés.

Dans les étiquetés «incasables», les filles sont plus nombreuses que les garçons, selon l’enquête de la chercheuse Isabelle Frechon. De son expérience de terrain, David Frayssé ajouterait aussi les ados gays, ou considérés par les autres comme tels. Ils sont surreprésentés, selon lui parmi les «cas complexes». «Ils sont plus victimes que les autres de moqueries dans les foyers. Ils en deviennent violents.» Sassoum, par exemple, se fait traiter de «petit pédé», «parce qu’il parle trop bien, il discute avec les adultes, il danse, il chante : ça énerve les autres», analyse Aline, son ancienne éducatrice. Les encadrants sont parfois aussi eux-mêmes homophobes, et désamorcent mal les tensions. «C’est trop souvent des éducateurs de rue, qui n’ont pas tous été bien formés et qui veulent juste un billet supplémentaire», lâche, déçu, Thiefaine.

Pascale Breugnot : «On fait tout l’inverse de ce qu’il faudrait. Laisser ensuite ces enfants en tête à tête avec un intérimaire dans un hôtel ne risque pas de les aider ! Ils ont besoin d’une équipe pluridisciplinaire, solide, pour se reconstruire.» Sassoum ne dit pas autre chose, avec ses mots d’enfant : «Mais t’imagines toute l’éducation qu’on pourrait avoir avec cet argent ? Ils mettent de l’argent pour rien dans les hôtels, au lieu de les mettre dans des écoles.»

Des jeunes entre deux porte-monnaie

Le privé s’est engouffré dans les failles du système. Toutes les grosses agences d’intérim ont une branche «médico-social», avec des annonces qui défilent non-stop. Et les travers qui vont avec. «Des commerciaux sont là pour vendre nos services, comme ils vendraient des piscines», se désole un intérimaire. Lui dit se tenir le plus loin possible de tout ça : «J’essaie de ne pas y penser, sinon je deviens fou tellement c’est contraire à mon éthique.» Un épisode lui revient : un collègue, avec persévérance, avait réussi à recréer du lien avec un gamin. Fierté totale : l’ado était prêt à vivre à nouveau dans une structure collective. «Mais derrière, la boîte d’intérim l’a engueulé, en disant : “T’as pas à faire ça. C’est pas ton job.” Parce qu’un enfant qui réintègre le système, c’est un marché perdu.» Il soupire. «L’intérim, c’est vraiment la négation du lien, même si je comprends que les collègues se tournent vers ça… Ils ne se sentent pas soutenus par leurs institutions», regrette Juline, éduc spé. Elle vient de démissionner, pour souffler. Et voir si elle trouve une structure en accord avec ses valeurs.

Elle décrit avec des mots durs l’impasse actuelle : «C’est le triomphe de l’administratif.» Face à des jeunes parfois dangereux pour eux-mêmes et pour les autres, elle estime que les différentes strates hiérarchiques préfèrent se protéger juridiquement, «plutôt que de tenter des choses, parfois un peu hors des clous». «Quand ils ne sont pas comme on voudrait qu’ils soient, on arrête l’accompagnement ! Mais comment voulez-vous que ces gamins-là rentrent dans la norme dès le départ ? On exige plus d’eux, alors qu’ils ont vécu des choses difficiles à la base. Plus on les punit et moins ils seront en capacité de l’être. On les met dans une sorte de cercle vicieux dont ils ne peuvent sortir. Les hôtels, ce n’est que la partie visible des problèmes de l’ASE.»

Le cabinet du ministre assure travailler à fond sur «ces travers à la française». Le principal problème serait une affaire de «case» et de«tuyaux» : ces jeunes sont entre deux cases, et donc deux porte-monnaie : d’un côté l’éducatif, la protection de l’enfance, du ressort des départements, et de l’autre, les troubles psychiatriques, relevant de la santé, et donc de la compétence de l’Etat. Le cabinet d’Adrien Taquet a imaginé une solution au nom abscons : «la contractualisation», et un budget de 600 millions. Le but :«Raccorder les tuyaux de financement» pour créer des structures adaptées et entremêler les disciplines. Pour le moment, c’est un doux rêve. L’éducatrice spécialisée Pascale Guiniec, syndiquée à la CGT, rappelle cette donnée, qui ressort de toutes les enquêtes de terrain : 36 % des jeunes adultes sans abri sont des anciens enfants de l’ASE. Tous le savent. Un après-midi, nous prenons un café avec Sassoum. Il sirote un jus de fruits, répétant sa peur de «quand je serai grand…» Du regard, il désigne un SDF qui passe derrière nous. Il dit : «Je vais finir comme lui.»

(1) Le prénom a été modifié.


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