TÉMOIGNAGES. A la veille du procès des terroristes, qui s’ouvre le 8 septembre, les rescapés des attentats de novembre 2015 ne supportent plus l’injonction de leurs proches à « tourner la page ». Ils racontent l’angoisse qui ne passe pas, les conduites compulsives, le combat sans fin pour la reconnaissance de leur mal et la peur de la récupération politique.
Le canapé d’angle beige, recouvert de plaids aux imprimés mexicains, est creusé en son milieu. Comme un nid ou la coque d’un bateau. Un oreiller rose fluo calé derrière la tête, c’est là que Bruno Poncet, 49 ans, passe ses nuits blanches, pendant que sa compagne occupe leur lit, seule. Rescapé du Bataclan, le syndicaliste de SUD-Rail, à l’offensive sur les plateaux de télé à chaque grève des cheminots, ne dort plus depuis bientôt six ans. Ou seulement par fragiles petites plages d’une dizaine de minutes, interrompues par des cauchemars dans lesquels, chaque fois, il meurt. « Il y a eu des mieux, mais l’insomnie recommence avec l’imminence du procès… Je ne dors pas du tout », soupire celui qui s’interdit tout somnifère.
A partir du 8 septembre, et huit mois durant, Salah Abdeslam et dix-neuf autres personnes comparaîtront devant la cour d’assises spéciale de Paris pour les attentats du Stade de France, des terrasses parisiennes et dans la salle de spectacle du Bataclan, qui ont fait 131 morts et des centaines de blessés le 13 novembre 2015. A cette perspective, Bruno Poncet se raidit, la tension musculaire dans ses trapèzes s’est réveillée.
Son corps demeure hanté par la position qu’il a dû tenir ce soir-là, sur la mezzanine, entre les sièges, pour servir de bouclier à Edith Seurat, une inconnue qui s’était jetée vers lui. Ils témoigneront l’un après l’autre, en octobre, comme près de 200 des 1 700 parties civiles qui assisteront au procès. Tous deux expliqueront comment il est si difficile de se reconstruire, même si l’on n’a pas reçu de balle, et comment, six ans plus tard, ils vivent encore avec le 13-Novembre en tête, jour et nuit.
Ses précieux cachets
Leur monde est dévasté, le quotidien compliqué. Cette difficulté à vivre, Bruno Poncet et Edith Seurat ont l’habitude de la partager, comme s’ils étaient seuls à pouvoir se comprendre. « Avec Edith, notre amitié, c’est même pas dicible », constate tendrement Bruno. La grande rousse de 43 ans, ex-responsable marketing, a vu sa vie s’effilocher. Licenciée pour inaptitude en 2018, désormais au RSA, elle a quitté Paris et son cher quartier de Ménilmontant pour Morlaix, dans le Finistère, avec son mari et leur fille. Bruno s’en fait pour elle, les yeux d’Edith se mouillent encore trop souvent, même si elle se démène pour ouvrir un concept store consacré au tatouage et au rock.
Elle est toujours incapable d’envisager la vie sans ses précieux cachets. Elle n’est jamais allée au cinéma avec la petite, qui a 8 ans maintenant. La gamine ne s’est pas rendu compte qu’en juin sa mère n’était pas à son spectacle de danse, qu’elle n’a jamais pu franchir les portes de la salle communale.
Les séquelles d’Edith Seurat sont invisibles, alors à l’hiver 2016 elle s’est fait tatouer sur le bras un dessin représentant le Bataclan. Une scarification douloureuse, « un besoin de me marquer, comme un exutoire à la culpabilité qui m’a envahie », analyse-t-elle. Ces dernières années, elle a pris et perdu 15 kilos, trop bu, trop mangé… Bruno Poncet sait que la tristesse l’a « bouffée » quand elle est tombée enceinte en 2016. Elle a dû avorter, incapable d’assumer, abrutie d’anxiolytiques et d’antidépresseurs.
« Les 10 000 euros d’avance du fonds de garantie [des victimes de terrorisme et d’autres infractions], je les ai claqués en baskets. Quatre-vingts paires depuis les attentats. Surtout des Nike, et pas mal de Jordan. » Bruno Poncet
La nuit, le salon de l’ex-cheminot est strié par les lumières réconfortantes de la porte d’Asnières. Bruno Poncet ne lit plus du tout. Il lui arrive d’allumer la télé, mais c’est surtout sur sa tablette qu’il passe des heures à se gaver d’émissions et de documentaires. « J’ai le cerveau qui tourne tout le temps. C’est lui qui m’a sauvé au Bataclan, c’est l’organe qui a pris le dessus ce soir-là. Maintenant, il est configuré en mode stress. » Il évite de prendre les transports et s’est abonné à un service de chauffeurs privés. Il lui semble certains jours qu’il ne pourra pas sortir de chez lui, que « tout est hostile ».
Bruno Poncet a aussi développé des conduites compulsives. « Les 10 000 euros d’avance du Fonds de garantie [des victimes de terrorisme et d’autres infractions], je les ai claqués en baskets. Quatre-vingts paires depuis les attentats. Surtout des Nike, et pas mal de Jordan. » Une paire à chaque bouffée de mal-être, en somme.
Dans une enquête sur les victimes des attentats du 13 novembre et leurs proches, sortie en 2020, Santé publique France a constaté que, cinq ans après les faits, les symptômes de stress post-traumatique frappent encore 54 % des personnes directement menacées, 27 % des témoins présents sur les lieux, 21 % des témoins à proximité et 54 % des endeuillés.
Un modèle de résilience
Même pour ceux qui vont mieux, la vie n’est pas si simple. Le 13 novembre, au Bataclan, Jean-Camille Lavaud, 35 ans, a pris « une balle dans le dos, qui n’est pas ressortie », ce qui l’a sauvé d’une hémorragie certaine. Aujourd’hui responsable production et qualité dans une PME d’Ile-de-France, fou de plongée et très entouré, le jeune père de famille pourrait passer pour un modèle de résilience. Tout bronzé, il vient de terminer, ce 11 août, un Paris-Cannes à vélo, soit plus de 800 kilomètres, avec son meilleur ami.
Sa femme, Fanny Chasseloup, elle aussi présente au Bataclan, a monté en juillet sa première pièce de théâtre à Avignon. Les Vivants revient sur leur histoire, la dépression de Fanny, leur réadaptation au monde. Une pièce saluée par la critique, qui sera jouée à Paris en 2022. Jean-Camille Lavaud ne l’a jamais vue. « J’ai peur d’y aller. C’est trop proche de moi. Je ne m’attends pas à passer un bon moment », évacue le sportif, qui ne sera pas partie civile au procès. « En psycho, cela s’appelle l’évitement, décrypte Fanny Chasseloup. C’est salutaire d’avoir conscience d’à quel point quelque chose nous touche et c’est sa manière de procéder depuis le début. » Jean-Camille Lavaud a ainsi décidé d’« éloigner tout ce qui est triste, même les films ».
Si chacun trouve sa propre stratégie pour faire face, tous les rescapés rencontrés sont unanimes : la prise en charge des victimes par le fonds de garantie a été une épreuve. Une étape administrative censée les aider et qui, de façon paradoxale, complique leurs tentatives de reconstruction. Edith Seurat, qui n’est pas arrivée à un accord avec le fonds de garantie faute de les convaincre des conséquences de son trauma, passera cet automne devant le juge d’indemnisation des victimes d’attentats terroristes au tribunal judiciaire de Paris.
« C’est très douloureux, parce que je me sens mise en cause, déclare-t-elle. C’est moi contre le fonds de garantie. Je présente en permanence de nouvelles attestations, je dois justifier de mon état psychique, physique, émotionnel, professionnel… »De nombreuses procédures d’indemnisation avec le fonds de garantie sont ainsi toujours en cours.
Ne pas hurler sur des médecins experts
Vincent Dumas, 37 ans, enchaîne lui aussi expertises et renvoi d’audience. Le 13 novembre, le jeune directeur de la Maison du théâtre et de la danse d’Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) dînait au Comptoir Voltaire, dans le 11e arrondissement, avec celui qui est devenu son mari en 2016. A 21 h 30, Brahim Abdeslam a activé sa ceinture explosive à deux mètres de leur table.
Un souffle, des boulons qui arrivent vers lui, une fumée mêlée de plumes blanches, venues d’on ne sait où. Aucun mort, sauf le kamikaze. Pour gérer son trauma, Vincent est notamment suivi en EMDR – une thérapie par stimulation sensorielle bi-alternée, qui se pratique par mouvements oculaires et stimuli auditifs. « J’ai fait trois séances d’une heure juste à revivre le moment de l’explosion », explique-t-il.
Depuis six ans, le jeune homme à l’air grave, qui habite toujours le 11e, fait de son mieux pour ne pas hurler sur des médecins experts qui, selon lui, rendent des rapports truffés de fautes d’orthographe, d’erreurs dans les noms de patients… mais tiennent son sort entre leurs mains. « Le statut de victime fait qu’on ne se sent pas légitime à s’imposer pour se faire respecter, soutient-il. Nous sommes victimes de maltraitance administrative de la part du fonds de garantie, une grosse machine qui manque de compassion et d’empathie. »
Il se souvient encore de son sentiment d’avoir été méprisé lors de sa première expertise fin 2017. « Le médecin-conseil désigné par le fonds de garantie pour évaluer mon état m’a donné rendez-vous un soir, à l’autre bout de l’Ile-de-France. Je l’ai attendu une heure devant chez lui sous la pluie, puis il m’a reçu à peine trente minutes dans son salon, pendant que sa femme préparait le dîner. »
« J’ai demandé à mon avocate de sortir toutes les images de la vidéo de surveillance et de l’autopsie de Brahim Abdeslam. » Vincent Dumas
Le 8 juin, c’est un échange avec l’avocate qui gère son dossier d’indemnisation qui l’a secoué. Il venait d’avoir un échange un peu vif avec un psychiatre expert. « Elle m’a appelé en mereprochant de ne pas jouer le jeu avec les médecins, disant que je m’étais rebellé », balbutie-t-il. Puis il sort son téléphone pour montrer la suite de la conversation, par mail. « Vous êtes bien assez intelligent pour savoir que c’était une erreur », a insisté l’avocate. « Cette phrase me revient sans cesse, confie le trentenaire, les yeux gris soudain embués. Elle, son intérêt est bien sûr d’être complaisante, elle touche un pourcentage sur les indemnisations. Moi, son attitude m’a provoqué des envies de suicide. »
Comme la plupart des survivants, Vincent Dumas redoute l’ouverture du procès. Il aimerait en faire un moment cathartique et compte bien raconter en détail à Salah Abdeslam qu’il a vu « son frère mourir et n’emporter que lui ». Pour préparer son passage à la barre, cet intellectuel méticuleux éprouve sa souffrance jusqu’à la nausée.
« J’ai demandé à mon avocate de sortir toutes les images de la vidéo de surveillance et de l’autopsie de Brahim Abdeslam. J’ai passé quatre heures dans son cabinet, enfermé dans une pièce, à tout visionner. Elle avait mis des Post-It d’avertissement sur chaque photo, mais je les ai toutes regardées. » Il veut se sentir prêt à affronter le pire lors des audiences.
Répondre sur les sites complotistes
Ce besoin de renouer minutieusement le fil des événements de la nuit qui a changé leur vie, d’autres survivants l’évoquent. A ce jeu, Edith Seurat est la plus acharnée. « Du procès, j’attends la construction factuelle finale », résume-t-elle. Ce soir-là, la passionnée de rock et de motos vintage avait retrouvé toute sa bande au Bataclan pour assister au concert du groupe californien Eagles of Death Metal.
« J’ai besoin de comprendre la trame du temps, du déroulé minuté des faits, pour reprendre la main. » Edith Seurat
Finalement, elle a passé une heure et demie recroquevillée derrière Bruno Poncet, « à 2 mètres des pieds du terroriste Omar Mostefaï ». Une soirée « sans images, mais avec le son », qu’elle décortique depuis six ans. « Quand j’ai relu ma déposition, elle n’était pas conforme à mes souvenirs. Je cherche depuis à confronter ma mémoire au réel. J’ai tout lu, je suis allée à toutes les réunions d’information avec les magistrats à l’école militaire, j’ai confronté mes souvenirs à la chronologie de la police. »
A Morlaix, assise dans l’arrière-salle d’un bar du centre-ville dont elle a fait son QG, elle ressasse ses doutes, encore et toujours. « J’ai fait le trajet entre La Bonne Bière, dans le 10e, et La Belle équipe, rue de Charonne. Selon le chrono de la police, c’est quatre minutes, mais je ne crois pas que ce soit possible. Ce qui est retenu n’est pas vraiment ce qui s’est passé. Je sais que ce n’est pas grave, j’essaie de me raisonner, mais bon… » Ce travers inquiète ses proches, Edith Seurat allant jusqu’à répondre sur les sites complotistes. « J’ai besoin de comprendre la trame du temps, du déroulé minuté des faits, pour reprendre la main », se justifie-t-elle. Sa psy l’a alertée : « C’est étrange, vous êtes en train de vous ériger en gardienne de la vérité. »
Edith Seurat a d’ailleurs récemment cessé de parler à l’amie avec laquelle elle était allée au Bataclan ce soir-là. « Elle a une version évolutive de ce qui s’est passé, lâche-t-elle, soudain tendue. Elle est restée cinq minutes avant de sortir par une issue de secours. Mais, maintenant, elle a besoin d’en être et raconte qu’elle est restée vingt minutes à ramper sur des corps. Alors j’ai envie de lui crier : “Tu mens !” »
« Depuis, en plus des fausses victimes, on a démystifié pas mal de faux récits, à commencer par la rumeur selon laquelle les terroristes avaient égorgé des gens. » David Fritz Goeppinger
Si Edith Seurat est si attentive à la vérité, c’est peut-être parce que, parfois, dans les cercles de victimes, et notamment les associations, le mensonge est allé très loin. Photographe free-lance, David Fritz Goeppinger, 29 ans, a fait partie de la dizaine de personnes retenues en otage, par Omar Mostefaïet Foued Mohamed-Aggad, pendant deux heures et demie dans un couloir du Bataclan. Début 2016, un certain Cédric Rey l’a abordé lors d’une commémoration des attentats à Paris.
« Il m’a mis en confiance, raconte le jeune homme d’origine chilienne, naturalisé en 2017. Petit à petit, il a intégré un cercle de victimes. Il était très sympa, mais se faisait toujours un peu prier pour venir aux événements. Un jour, il m’a appelé pour me demander une lettre pour le fonds de garantie, dans laquelle je témoignerais l’avoir vu ce soir-là. Je n’étais pas sûr de l’avoir aperçu, mais c’était possible, alors j’ai écrit la lettre. »
Trois mois plus tard, David a appris, atterré, que Cédric Rey était la première des « fausses victimes » des attentats du 13 novembre. « Depuis, en plus des fausses victimes, on a démystifié pas mal de faux récits, explique-t-il, à commencer par la rumeur selon laquelle les terroristes avaient égorgé des gens. »
Une bande de copains, les « potages »
Outre ce combat pour la vérité, les rescapés interviewés en racontent un autre : celui contre la haine, leur propre haine. C’est un défi permanent pour David Fritz Goeppinger. Il raconte que le petit groupe d’anciens otages du Bataclan est devenu une bande de copains fidèles, baptisée les « potages ». Ils se retrouvent régulièrement dans un bar de la porte des Lilas.
Au sein de ce groupe, il a noué une relation « à la vie à la mort » avec Stéphane Toutlouyan, 54 ans, informaticien. « Notre bar est en face du siège de la DGSE, précise le photographe. Avec Stéph’, petit à petit, on s’est passionné pour le renseignement et le terrorisme islamiste, on a avalé toute la série Le Bureau des légendes. On s’est mis à mieux comprendre les dessous de ce qui nous est arrivé. »
« Je n’ai pas été attaqué par des musulmans, mais par des types manipulés par des groupes terroristes. » David Fritz Goeppinger
En juin 2020, Stéphane Toutlouyan lui a annoncé que la DGSE recrutait. « Il m’a encouragé à postuler. J’étais en quête de sens, j’avais envie d’agir. Alors j’ai envoyé une longue lettre manuscrite, très personnelle, raconte David Fritz Goeppinger. à peine la lettre envoyée, je me suis posé la question de savoir si je ne sombrais pas dans une forme de haine, si ça n’était pas une envie de vengeance habillée par un vernis institutionnel et romanesque. » Les renseignements ont refusé sa candidature.
Pourtant, il continue à s’interroger sur cet épisode. « Si je deviens haineux, je renie tout ce que je suis. J’ai une tête d’Indien, un prénom juif, un nom allemand, j’ai grandi en cité, en Essonne, tout près de chez Mostefaï… » Il en a beaucoup parlé avec sa psy, qui l’a aidé à ne pas généraliser. « Je n’ai pas été attaqué par des musulmans, mais par des types manipulés par des groupes terroristes », se répète-t-il.
Beaucoup s’en veulent de trahir leurs idéaux politiques et philosophiques à cause d’une peur qui resurgit malgré eux chaque fois qu’ils entendent parler arabe dans le métro ou autour d’eux. Stéphane Toutlouyan en a longtemps eu honte. « Dès 2016, j’ai réalisé que j’avais besoin d’un suivi psy, confie l’informaticien. Je ressentais une pression extérieure, je vis dans un quartier populaire, à Paris, où habitent des gens qui ressemblent physiquement aux terroristes. J’étais irritable, moins patient. Je craignais de devenir blessant en allant dans des lieux où il y aurait des personnes avec des signes religieux trop voyants, comme des femmes voilées. »
« Souvent, on m’a dit “faut tourner la page”. Mais non ! Je vais vivre avec toute ma vie. Accepter que cet événement m’a changé, c’est ce qui me permet de le dépasser. » Jean-Camille Lavaud
Malgré tout, Stéphane Toutlouyan l’assure, il ne nourrit aucune volonté de vengeance et fait tout son possible pour continuer à vivre en accord avec ses valeurs de tolérance. Comme ces cinq autres rescapés, il sait que le plus compliqué est à venir. Car tous sont bien conscients d’être devenus les étendards de causes qu’ils récusent, sécuritaires et racistes.
Le procès s’étendra tout au long de la campagne présidentielle et la récupération a déjà commencé. L’association Life For Paris, qui regroupe quelque 700 rescapés, a déposé plainte en juillet contre Génération Z, un groupe de soutien à Eric Zemmour en vue de la présidentielle de 2022, qui avait posté des photos de victimes des attentats sous le hashtag #nosviescomptent.
Pour maîtriser leur histoire, certains s’attachent alors à la transmettre eux-mêmes. En janvier, David Fritz Goeppinger et Stéphane Toutlouyan ont accepté sans hésiter la proposition de l’Association française des victimes du terrorisme de témoigner devant des collégiens d’Elven, dans le Morbihan. « On cherche à rendre à la communauté nationale une partie de l’attention qu’elle nous a témoignée », déclare Stéphane Toutlouyan.
Mais aucun ne supporte l’injonction à la résilience. « On entend tellement, même de la part de proches, “passe à autre chose”, “c’est bon, ça fait longtemps maintenant…” », assure Edith Seurat. Jean-Camille Lavaud s’en désole également : « Souvent, on m’a dit “faut tourner la page”. Mais non ! Je vais vivre avec toute ma vie. Accepter que cet événement m’a changé, c’est ce qui me permet de le dépasser. » En 2016, il a d’ailleurs fini par se faire enlever la balle qui était coincée dans son dos et l’a gardée chez lui, dans une boîte.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire