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Alex Azar, le secrétaire à la Santé de l’administration Trump, au Capitol à Washington, le 2 octobre. Photo J. Scott Applewhite. Reuters
Dans une déclaration commune, les gouvernements des Etats-Unis, du Brésil ou encore de la Hongrie affirment leur volonté d’une souveraineté nationale pour les lois liées à l'IVG.
«Il n’y a pas de droit international à l’avortement, ni d’obligation des Etats de financer ou de faciliter l’avortement» : 32 pays, parmi lesquels les Etats-Unis, le Brésil ou l’Egypte, ont fièrement cosigné une déclaration commune qui s’attaque frontalement au droit à l’IVG. Cette «déclaration pour la santé de la femme et le renforcement de la famille», programmée pour être présentée à l’Assemblée mondiale de la santé qui se tient tous les ans à Genève, a été dévoilée ce jeudi par Alex Azar, le Monsieur Santé de l’administration Trump, à l’occasion d’une cérémonie virtuelle.
La déclaration vante les «familles traditionnelles»
Noyé au milieu d’idées aux atours progressistes comme l’accès pour les femmes à une «éducation de qualité» ou aux «mêmes chances d’accéder à un emploi que les hommes», le texte affirme clairement une volonté de restreindre le droit d’accès à l’avortement, sous prétexte de «bien-être de la femme», et de «préservation de la vie humaine». La déclaration ne manque pas non plus de vanter le mérite des «familles traditionnelles» (comprendre, les couples hétérosexuels). Parmi les signataires, de nombreux Etats africains. Figurent également l’Indonésie ou le Pakistan, et sur le continent européen, la Hongrie et la Pologne.
«Certaines riches nations, et agences des Nations unies, affirment à tort que l’avortement est un droit universel humain», a notamment déclaré Alex Azar lors de la cérémonie. Le secrétaire à la Santé assène, drapeaux flottants dans le dos : «Nous affirmons que les gouvernements ont le droit souverain de créer leurs propres lois pour protéger les vies innocentes et écrire leurs règlements sur l’avortement.»
Surenchère de discours conservateurs
Son discours fini, et après une intervention du secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo, des déclarations vidéo des représentants des 32 Etats signataires ont été diffusées. «Nous défendons la place de la famille comme unité centrale de notre société, et réaffirmons notre devoir de protéger la vie, dès sa conception», lance Ernesto Araujo, ministre des Affaires étrangères du Brésil. Katalin Novak, ministre hongroise de la Famille, s’indigne, elle, d’une époque où les «valeurs traditionnelles de nos sociétés sont constamment attaquées», pendant que l’on donne aux femmes «de fausses obligations les poussant à être en compétition avec les hommes, et d’abandonner le privilège de devenir des mères».
Si cette surenchère de discours conservateurs a de quoi inquiéter, la déclaration présentée ce jeudi a surtout une valeur symbolique. Elle marque une étape de plus dans la guerre que mènent certains gouvernements contre l’avortement et les minorités LGBT, comme aux Etats-Unis où de nombreux Etats ont durci l’accès à une interruption volontaire de grossesse. Ou, plus récemment en Pologne, où il a été déclaré inconstitutionnel l’avortement en cas de malformation du fœtus.
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