Marc-Aurèle Baly 15 septembre 2020
Depuis le cottage de ses grands-parents dans le fin fond du Michigan, pourquoi le dénommé John Shepherd s'est-il entêté pendant tant d'années dans sa quête effrénée ?
Pendant près de trente ans, l'Américain John Shepherd a confectionné dans la maison de ses grands-parents du fin fond du Michigan tout un système de radiodiffusion, de communication satellite et d'oscillateurs afin de rentrer en contact avec une possible vie extraterrestre, loin des turpitudes terre à terre de la vie ici. C'est le sujet d'un récent documentaire de Netflix, paru sur le service de streaming à la fin du mois d'août et intitulé L'homme qui voulait contacter les extraterrestres. Long d'une petite vingtaine de minutes, le film s'attelle à essayer de percer le mystère de cet homme dont la démarche ressemble à la fois à une recherche scientifique pure et à une quête obsessionnelle maladive teintée d'un certain aspect performatif.
Il y a plusieurs biais pour aborder la vie d’un esprit aussi obstiné et fantasque que John Shepherd. Le premier, le plus évident, serait de le considérer comme un énième hurluberlu dont la quête monomaniaque pourrait être considérée sous un angle purement psychiatrique - jusqu’au point où il a dû devoir construire une maison adjacente à celle de ses grands-parents, et ainsi vider les fonds de tiroir financiers de sa grand-mère, pour mener à bien son projet si fou. Mais ce serait bien évidemment un peu sommaire de le réduire ainsi.
Et si le côté chair à Strip-tease de son existence n'est pas à éluder, on ne saurait le réduire au statut peu enviable de bête de foire un peu maboule. Évidemment, s’il est aisé de considérer que quelqu’un qui s’emploie à mener une quête aussi illusoire que John Shepherd pendant plusieurs décennies a quelque chose qui ne tourne pas rond, il suffit de le voir deux minutes à l’écran pour se rendre compte que l'homme est parfaitement sensé dans ses propos, même s'il semble constamment sur la réserve. L'un des moments les plus touchants est justement lorsqu'il reconnaît à demi-mot que son entreprise était de toute façon vouée à l'échec, ce qui rajoute une once de lucidité à sa naïveté confondante. Alors quoi ?
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