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jeudi 4 juin 2020

Réinterpréter l'histoire du suicide dans le « Passage du milieu » (golfe de Guinée, XVIIIe siècle)

 
Réinterpréter l'histoire du suicide dans le « Passage du milieu » (golfe de Guinée, XVIIIe siècle)
Massacre des esclaves du navire Zong, 1781

Africa4 propose une série sur l’histoire de l’esclavage sur la côte du golfe de Guinée… du point de vue des hommes et femmes réduits en esclavage.
# Épisode 3

Cette série est le résultat d’une campagne de recherche inédite dans les archives de la Compagnie des Indes par les étudiant.e.s du Master d’histoire transnationale de l’Ecole normale supérieure et de l’Ecole des chartes (PSL Université).
Questions à... Ursula Carmichael, étudiante en Master d’histoire transnationale (PSL Université).
Comment aborder la pratique du suicide dans le « Passage du milieu » ?
La pratique du suicide dans le contexte de la traite transatlantique semble avoir pris diverses formes : le refus de manger, se jeter par-dessus bord, ou se suicider au cours d’une révolte. Le suicide durant le Passage du milieu était un acte individuel ou collectif, entrepris par les femmes comme par les hommes. Les instances des actes autodestructeurs collectifs nous laissent supposer qu’un certain nombre de captifs ont préféré, dans le contexte d’une souffrance collective, mettre fin à leur vie avec une certaine solidarité pour faire face à la terreur et l’incertitude de l’acte. Mais dans les conditions de vie restrictives à bord des navires, on peut s’imaginer que les actes d’autodestructions individuelles devenaient plus simples et immédiats.
Comment aborder la question du suicide dans le « Passage du milieu » ?
Aujourd’hui on donne aux actes d’autodestruction entrepris par les captifs africains à bord des navires de traite le terme de suicide, projetant ainsi nos idées sur la réalité et le cadre des expériences des captifs africains. Les expériences horrifiantes vécues au quotidien (la torture, la séparation de la famille et des amis, le viol, la peur du cannibalisme et la maladie, entre autres), ont certainement provoqué des tentatives de suicide. Pourtant, l’histoire de la traite est complexe et l’étude des suicides dans le Passage du milieu fait preuve d’une multiplicité de dynamiques qui animaient les navires.

Dans les carnets de bord de la Compagnie des Indes, le terme « suicide » n’est pas utilisé. Les carnets de bord notent, par exemple, qu’un homme ou une femme « s’est jeté (e) » par-dessus bord » ou est « tombé(e) à la mer ». On note quelques mentions de suicide explicites, par exemple, dans le carnet de bord duDromadaire : « Il s’est jeté deux noirs par-dessus les lieux qui étaient enferrés ensemble, l’un de 22 et l’autre de 25. Ils se sont noyés de dessein prémédité… » (25 mars 1734).

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