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lundi 1 juin 2020

A vélo, les femmes transportent aussi la charge mentale

Par Julien Guillot — 

Même si le vélo est un moyen de transport plutôt masculin marqué par l’usage sportif, il l’est sans doute moins que les véhicules motorisés.

«Femmes et hommes sont-il égaux à vélo» : c'est le titre de l'enquête du géographe Yves Raibaud réalisée à Bordeaux en 2018 et publiée fin mai. 38% des cyclistes dans la métropole bordelaise sont des femmes, et elles ne pédalent pas de la même manière que les hommes. Elles se déplacent à vélo notamment pour éviter la promiscuité des transports en commun. En revanche, elles ne relèvent aucune différence sur le sentiment d’insécurité entre la marche à pied et le vélo. La relation avec les hommes usagers de la route est également difficile : «Réflexions, moqueries, sifflets, comportements sexistes ou misogynes.» 
Outre les incivilités et les agressions, elles ont davantage peur de la chute et de l’accident. Elles sont plus prudentes et respectueuses du code de la route. Les femmes sont plus équipées pour le transport (porte-enfant, sacoches, paniers, remorques, vélo-cargos), ce qui révèle une pratique plus utilitaire et moins sportive que les hommes.
Le profil des cyclistes est plutôt celui de jeunes femmes venant des classes moyennes et supérieures. L’usage du vélo diminue à chaque naissance d’un nouvel enfant, même si ce sont elles qui accompagnent leurs enfants à l’école et aux activités. La demande est forte pour des aménagements sécurisés, tels que les pistes séparées.
La pratique du vélo est vue comme difficilement compatible avec les exigences de présentation de soi au travail (jupe, tailleurs, talons, maquillage, coiffure). L’indigence de l’offre de vêtements cyclistes féminins apparaît ici dans toute sa splendeur
Même si l’étude est plutôt récente, elle ne prend pas en compte les évolutions des derniers mois avec l’explosion de l’usage du vélo pendant les grèves des transports et surtout depuis le déconfinement. L’émancipation des cyclistes femmes prend plusieurs formes : par la pratique sportive ou l’apprentissage.  
Une autre étude de l’Apur (Atelier parisien d’urbanisme) a analysé le recours aux services de mobilité partagés comme les vélos, trottinettes et scooters en libre service. Il apparaît que les femmes utilisent plus les services de vélo (à 43%) que les trottinettes (32%) ou les scooters (16%). Le recours à la motorisation est donc clairement genré. Elle a également mesuré les effets de la grève sur le recours à ces services. Dans les nouveaux utilisateurs, les femmes étaient bien plus représentées que dans les usagers habituels. Une façon de rattraper le retard. 

Vélsophie, épisode 9 : Ordonnances 


 Chaque semaine, un épisode animé du Petit traité de vélosophie de Tronchet, extrait de l'album paru chez Delcourt.

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