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jeudi 5 mars 2020

« Tâchons de tirer des conclusions de ce drame »

Publié le 


Le psychiatre thouarsais Gaby Richon souhaitait réagir au décès dramatique de l’infirmière psychiatrique thouarsaise, et pointer du doigt les incohérences du système.
© Photo NR


Gaby Richon, ancien chef de la psychiatrie à l’hôpital de Thouars, dénonce les failles d’un système qui peuvent expliquer la mort d’Élodie Multon.

Le Dr Gaby Richon, 76 ans aujourd’hui, a dirigé le service psychiatrie de l’hôpital de Thouars entre 1980 et 2008. Comme tout le monde, et sûrement plus que certains encore, l’agression mortelle d’Élodie Multon, la jeune infirmière thouarsaise, le 13 février dernier, a eu un fort écho en lui. Et pour lui, ce drame découle du désengagement progressif de l’État et des hôpitaux dans la psychiatrie.

Par une lettre (1), vous dénoncez le manque de moyens dans la psychiatrie en général, et dans les Deux-Sèvres en particulier. Est-ce vraiment pire qu’ailleurs ?

Dr Gaby Richon : « Les dépenses affectées à la psychiatrie dans les Deux-Sèvres sont les plus faibles de la Nouvelle-Aquitaine par habitant concerné (lire ci-dessous). Et dans le nord du département, c’est encore pire. Donc oui, la problématique est à prendre au sérieux ».

Comment l’expliquez-vous ?

« De façon générale, un budget global est dédié à la psychiatrie, sans demande de résultats. Mais la loi Bachelot de 2009 donne plus de pouvoirs aux directeurs d’établissement qui, croulant sous les dettes, réaffectent une partie de ce budget pour colmater les autres. Derrière, c’est toute l’organisation qui en pâtit. »

Moins de personnel, c’est moins de temps consacré aux patients ?

« Tout à fait. Les problèmes s’emboîtent les uns dans les autres. Les effectifs sont comprimés à leur minimum, si bien que les soignants passent moins de temps auprès de chaque patient. D’autant qu’on leur demande de rendre compte de leurs moindres faits et gestes, ce qui limite plus encore le temps de soin. Qualitativement, la prise en charge se dégrade. »



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