Photo d'illustration. Photo John Sommers II. Reuters
Un sondage Ifop publié ce mardi permet de rendre palpable la réalité de l'éjaculation précoce, trouble encore tabou, puisque seuls 36% des concernés en ont déjà parlé avec leur partenaire.
C’est le genre de moment qui inspire des commentaires comme seul Thierry Gilardi a pu en prononcer lors de la finale de la Coupe du monde 2006 : «Pas ça. Oh non, pas ça… Pas aujourd’hui, pas maintenant… Pas après tout ce que tu as fait.» Près d’un tiers des Français (31%) ont déjà éjaculé avant même d’avoir pénétré leur partenaire, dont 11% au cours des douze derniers mois, selon un sondage Ifop rendu public ce mardi (1) et qui atteste l’ampleur de l’éjaculation précoce dans l’Hexagone. Médicalement, ce trouble est défini comme l’apparition de l’éjaculation «plus rapidement que désiré, sans pouvoir la contrôler». Il peut apparaître dès le début de la vie sexuelle active (éjaculation prématurée primaire), ou survenir au cours de la vie (éjaculation prématurée acquise).
A en croire les statistiques de l’Ifop, 59% des hommes ont déjà éjaculé au moment de la pénétration ou peu de temps après, et ils sont 80% à déclarer n’avoir pas réussi à se retenir jusqu’à l’orgasme de leur partenaire. Ce qui pourrait, en soi, ne pas être un problème si on avait l’assurance que le ou la partenaire susmentionné(e) avait ensuite bénéficié de caresses ou de tout autre dispositif pouvant contribuer à le ou la mener à l’orgasme.
71% des interrogés jugent aussi avoir déjà éjaculé trop rapidement à leur goût au cours de leur vie, dont 6% estiment que c’est arrivé «souvent». Pour autant, ce trouble demeure largement tabou, puisque seuls 36% des concernés en ont parlé à leur partenaire, 10% à leur médecin généraliste, et 7% à un ami ou un proche. La gêne semble d’autant plus grande que le sujet est jeune : seuls 8% des moins de 25 ans en ont parlé à leur médecin, contre 17% des 65-74 ans.
Tactiques artisanales
Ces données rejoignent, en bien des points, celles de l’association française d’urologie qui évoque une «affection sous-diagnostiquée et sous-médicalisée», qui toucherait environ 30% des hommes, mais ne serait verbalisée que par un quart. Les hommes sondés semblent largement privilégier des tactiques artisanales pour tenter d’améliorer les rapports, comme ralentir le rythme (98% des concernés), en se retirant (79%), ou en pensant à des choses susceptibles de calmer leur excitation (66%). Car dans l’ensemble, 90% des hommes aimeraient que les rapports durent plus longtemps. Sans doute un poil obnubilés par la performance, tout de même 10% des interrogés qualifient de «précoce» une éjaculation après vingt minutes de pénétration, illustration de ce que les spécialistes appellent «l’éjaculation précoce subjective». Ce chiffre semble encore plus saugrenu lorsque ramené à la durée moyenne des rapports déclarés au cours de cette enquête : treize minutes de pénétration sur vingt-six au total.
L’éjaculation prématurée n’est évidemment pas sans impact sur la vie affective et sexuelle : ainsi, 15% des concernés estiment avoir déjà été confrontés à une rupture à cause de ces fulgurances incontrôlables.
(1) Etude Ifop pour Charles.co réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 19 au 24 avril auprès d’un échantillon de 1957 personnes, de la population française masculine âgée de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine.
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