Paris, le samedi 12 octobre 2019 – Coup de tonnerre et confirmation de ce que beaucoup affirmaient tout bas. En 2015, 270 chercheurs réunis au sein d’un collectif baptisé Open Science Collaboration publient dans la revue Science les résultats de la tentative de reproduction de 100 expériences de psychologie. Les conclusions sont particulièrement décevantes : dans 64 % des cas, il n’a pas été possible de retrouver les données initialement publiées. Faute de reproductibilité, des pans entiers du savoir constitué en psychologie menaçaient de s’effondrer.
Nazis voleurs d’idées
Ce que les anglosaxons ont nommé le Repligate, qui a concerné toutes les disciplines scientifiques, mais plus particulièrement la psychologie, a été une déflagration qui a entraîné des réactions épidermiques. Ainsi, bien que s’appuyant le plus souvent sur une puissance statistique bien plus importante que les protocoles initiaux, les expériences de réplication qui ont commencé à se multiplier ont été sévèrement attaquées. Les « accusations ont été violentes : des chercheurs se sont opposés à l’idée de reproduction des résultats publiés allant jusqu’à qualifier de "nazis", de "fascistes" ou de "mafiosi" ceux qui remettaient ainsi en question les recherches de "collègues". Des chercheurs séniors se sont opposés à ceux qualifiés de "Replicators" avec des arguments peu convaincants, du type : ceux qui répliquent des recherches sont des incompétents qui n’ont pas d’idées, leur objectif est de montrer que les autres recherches ne marchent pas. Il aura fallu beaucoup de temps avant de sortir de cette mentalité qui consistait à penser que ce travail était inutile. La demande de transparence et d’ouverture des données a largement contribué à ce changement », rappelait dans un article publié il y a quelques mois sur le site de l’Association française d’information scientifique (AFIS), le médecin et blogueur Hervé Maisonneuve.
Réplication : un champ de recherche à part entière
Plus de dix ans après la publication de l’Open Science Collaboration, cependant, les conséquences du Repligate pourraient être jugées positivement. D’abord, témoignant d’une volonté de ne plus considérer la psychologie comme une discipline pouvant s’émanciper des règles fondamentales de l’expérimentation scientifique, de nombreuses équipes se sont engagées dans des travaux de réplication.
Dans un article publié ce mois-ci dans la revue Pour la Science, François Maquestiaux, professeur de psychologie cognitive à l’université de Franche-Comté note ainsi comment « des revues de premier plan comme Psychological Science ont créé des rubriques spéciales qui leur sont destinées. Ainsi, entre 2013 et 2017, la proportion des publications scientifiques qui portent sur le thème de la réplication a augmenté de 50 % dans les revues de psychologie ».
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