Quel est ce trouble qui vient autour des céréales du matin, quand il faut expliquer qu’aucune cigogne n’a déposé le petit dernier dans un panier ? La chroniqueuse de « La Matinale » Maïa Mazaurette nous invite à analyser ces réticences.
LE SEXE SELON MAÏA
Avez-vous remarqué ? A 24 heures de la rentrée des classes, nulle polémique cette année concernant l’éducation sexuelle. Aucune pétition. Pas la moindre suspicion d’un enseignement obligatoire de la masturbation en maternelle (ni du sadomasochisme lors des premières dents, ni de la métaphysique quantique pendant l’apprentissage du pot). Nous sommes a-pai-sés.
Vraiment ? Non. Bien sûr que non. Parler de sexe aux enfants provoque, encore aujourd’hui, un soupçon d’appréhension : comment expliquer sans traumatiser, faire assez sans en faire trop, protéger et préparer, de manière à la fois collective et individualisée, à la fois magistrale et sensible ? Pas impossible, mais pas évident. D’où une gêne qui échappe aux caricatures… et qui dépasse, notamment, les rangs de La Manif pour tous.
Les parents en première ligne
Bon. Vous savez quoi ? Avoir peur de mal faire, c’est très bien. Cette anxiété signifie que nous sommes exigeants, et prudents. De toute façon, nous n’avons pas le choix : après plusieurs décennies de mise en lumière des mécaniques de l’inceste et des agressions, nous savons qu’un enfant dépourvu d’éducation sexuelle ne saura pas poser ses limites. Le silence profite aux prédateurs. C’est ce qui ressort de ces recommandations de la médecin et sexologue Catherine Solano : la prime à l’ignorance constitue une mise en danger.
Les parents sont en première ligne, l’école aussi – quitte à se refiler mutuellement la patate douce. Or quand les adultes évitent un sujet aussi vital pour les enfants (« qui suis-je, d’où viens-je, comment on fait la première fois »), ils ne font que susciter plus de fascination pour la sexualité : quel est ce territoire si délicieusement interdit qu’il donne des sueurs froides aux « grands » ? Si nous démissionnons, alors les pairs, Google et la pornographie répondront aux questions concernant les travaux pratiques ou le plaisir. Rappelons les derniers chiffres : 62 % des jeunes ont vu leur première séquence porno avant leur quinzième anniversaire.
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