SUISSE
Thomas Noyer
Moi :
Qu’est-ce qui vous amène en thérapie de couple ?
Luis (regarde Elsa entre surpris et fâché) :
Je sais pas, pour moi tout va bien, c’est elle qui voulait qu’on vienne
Elsa (le regarde, entre découragée et en colère, puis à moi) :
Vous êtes notre dernier espoir avant la séparation
Ce qui suit comporte des idées, que j’espère vous reconnaitrez non comme des affirmations mais comme des hypothèses visant à nourrir une réflexion.
L’idée que les hommes se font des femmes
Comme Steven Stosny, j’ai remarqué que nous les hommes n’aimions pas être pris en défaut. Je crois que c’est le résultat d’une éducation occidentale où le plus souvent c’est la maman qui élève le garçon, qui lui met des limites, le frustre, le critique parfois aussi quand il n’est pas comme elle voudrait. Et où le papa est relativement absent, là pour les bons moments. Ses parents se disputent, se critiquent. Papa trouve maman compliquée. Maman trouve que papa n’est pas comme elle voudrait. Ce garçon risque de développer une image selon laquelle les femmes sont difficiles à satisfaire, compliquées.
La psychothérapie, un monde de femmes
En Suisse, 83 % des psychologues et 80 % des psychothérapeutes sont des femmes[1], et les hommes ont une perception plus positive de leur bien-être que les femmes[2]. Celles-ci consultent bien plus souvent que les hommes pour des problèmes psychiques. Les hommes et les femmes ne sont pas égaux en matière d’aisance à l’intimité émotionnelle, en particulier par le biais de la parole[3]. Certains auteurs dénoncent même la psychothérapie comme encourageant la « féminisation de l’intimité » (Esther Perel). Mais le fait qu’ils consultent moins ne signifie pas qu’ils en ont moins besoin. L’Association américaine de psychologie estime que « l’adaptation à l’idéologie traditionnelle de la masculinité restreint le développement psychologique des hommes (…) et influence de manière négative leur santé aussi bien psychique que physique »[4]. Nous savons par exemple que l’adhésion des hommes aux normes masculines traditionnelles (en particulier le fait de ne pas demander de l’aide) est fortement corrélée avec le risque suicidaire[5].
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