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samedi 13 juillet 2019

« L’homéopathie est une superstition »

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Publié dans le magazine Books n° 93 , décembre 2018/ janvier 2019. Par Baptiste Touverey.

Pour le Pr Norbert Schmacke, l’effet placebo et le temps consacré par l’homéopathe à ses patients explique que l’on croie à l’efficacité de granules qui ne contiennent aucune molécule active.

Norbert Schmacke est un spécialiste allemand de la science médicale. Il est membre de l’Institut de la santé publique et de la recherche en soins de l’université de Brême. Il a publié Der Glaube an die Globuli. Die Verheißungen der Homöopathie (« La foi dans les granules. Les promesses de l’homéopathie »)

Qu’est-ce que l’homéo­pathie et en quoi pose-t-elle problème selon vous ?

L’homéopathie a été créée par l’Allemand Samuel Hahnemann au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. Elle repose sur deux bases essentielles. Le principe de similitude, d’abord, qui peut s’énoncer par la formule Similia similibius curentur (« On soigne par les semblables »). Autrement dit, lorsqu’une substance que l’on administre provoque chez des personnes en bonne santé les symptômes de telle ou telle maladie, on considère qu’un médicament contre cette même maladie vient d’être trouvé. Le principe de dilution, ensuite : les substances actives sont peu à peu très fortement diluées, ce qui est censé accroître leur efficacité. Tout ou presque a droit de cité dans l’homéopathie : les plantes, les minéraux, les animaux, le mucus, les excréments. Le produit final, cependant, ne contient plus une seule molécule de ce qui a été dilué : les granules disponibles dans le commerce sont faits de lactose et rien d’autre. Ce qui n’empêche pas les homéopathes de croire que l’esprit du produit de départ, du fait même qu’il a été dilué et secoué, reste actif. Ce sont des conceptions pour le moins incohérentes qui vont contre tous les principes scientifiques modernes.

Beaucoup d’articles de revues entendent démontrer l’efficacité de l’homéopathie. Sont-ils écrits par des menteurs ?
Ces articles paraissent dans des revues qui n’ont que l’apparence de revues sérieuses, qui copient leurs codes, leur présentation, mais n’en sont pas. Pour le profane, il est difficile de faire la distinction. L’examen scientifique de ces études prétendument ­positives a toujours débouché sur le même constat : ces travaux sont truffés d’erreurs méthodologiques. Les méta-analyses internationales (c’est-à-dire l’évaluation de la synthèse des articles publiés sur une question donnée) ont toujours conclu que ce qu’induit l’homéopathie, dans le meilleur des cas, c’est un effet placebo. Mais on pourrait aussi argumenter ainsi : il n’est besoin d’aucune étude pour enquêter sur l’homéopathie, puisque rien ne peut provoquer des effets qui n’existent pas !

Nous connaissons tous des gens qui affirment que l’homéopathie les a bel et bien aidés. Comment l’expliquez-vous ?
Il y a, en gros, trois explications. Premièrement, des ­malades suivent un traitement homéopathique parallèlement à leur traitement conventionnel et lui attribuent ensuite leur ­guérison ou l’amélioration de leur état. Deuxièmement, on prend des médicaments homéopathiques contre des maladies qui ­guérissent d’elles-mêmes. Troisièmement, l’amélioration que l’on ressent peut être attribuée à l’effet placebo – c’est notamment le cas pour les ­douleurs chroniques. Cela peut être dû à la foi en ­l’efficacité des granules que vous ingérez ou à la foi en l’homéopathe qui vous traite.

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