La psychiatrie est en crise, entend-on régulièrement. La prévalence des maladies mentales serait en hausse, la plupart des traitements datent des années 1950 et leur taux d’efficacité ne semble pas avoir progressé depuis quarante ans. Dans 70 % des cas, deux psychiatres examinant le même patient posent des diagnostics différents, pointe une étude publiée dans la revue The British Journal of Psychiatry. Pour mieux saisir les enjeux auxquels les psychiatres sont aujourd’hui confrontés, Anne Harrington, professeure d’histoire des sciences à Harvard, a entrepris de retracer la tumultueuse histoire de cette profession.
Avec Mind Fixers, « Harrington se montre impitoyable dans sa description de ce qui s’apparente souvent à du fétichisme de la biologie », pointe Jennifer Szalai dans The New York Times. Au XIXe siècle, l’approche biologique était triomphante : les médecins de l’époque étaient convaincus que l’origine des troubles mentaux se logeait dans le corps des malades. On traitait la schizophrénie en pratiquant l’ablation d’organes que l’on supposait infectés, souvent le côlon ou les ovaires, explique Harrington. Puis, le XXe siècle a vu apparaître la cure psychanalytique promue par Freud, entraînant une réorientation de la psychiatrie vers des soins davantage centrés sur la parole.
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