Une récente étude montre qu’il ne faut pas seulement augmenter son temps d’activité physique, mais aussi réduire le temps où l’on est assis pour diminuer son risque de mort prématurée.
« Dix mille pas et plus ». C’est un comble d’écrire cette chronique assise… Car rester assis trop longtemps est dangereux pour la santé. La sédentarité, définie comme une situation d’éveil caractérisée par une dépense énergétique égale ou inférieure à celle observée lors d’un repos assis ou allongé, a des effets délétères. C’est un facteur de risque de nombreuses maladies chroniques (cardiovasculaires, métaboliques, cancéreuses, psychiques…).
Les méta-analyses montrent que le risque de mortalité chez les adultes augmente avec un temps sédentaire supérieur à trois heures par jour, et de façon plus marquée lorsqu’il dépasse sept heures par jour, et cela sans rapport avec le niveau d’activité physique, souligne l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (Onaps). Réduire le temps passé assis dans la journée figure parmi les nouvelles recommandations de Santé publique France publiées mardi 22 janvier.
Ce n’est que depuis les années 1990 que les méfaits propres à la sédentarité ont été soulignés. « Il faut une heure et demie à deux heures d’activité physique pour contrebalancer dix à douze heures de sédentarité », résumait le cardiologue François Carré dans une précédente chronique (Le Monde du 13 novembre 2017). Mais est-ce suffisant ? Il ne faut pas seulement augmenter son temps d’activité physique, mais aussi réduire le temps où l’on est assis pour diminuer son risque de mort prématurée. C’est ce que montre une récente étude de chercheurs américains publiée dans la revue scientifique American Journal of Epidemiology le 14 janvier. Des travaux qui vont d’ailleurs encore plus loin que ce que cette équipe avait déjà montré.
Il vaut mieux bouger et ne pas juste se lever
Chaque trente minutes de sédentarité remplacées par une activité physique d’intensité légère réduit votre risque de décès de 17 %, et de 35 % s’il s’agit d’une activité physique d’intensité modérée à vigoureuse. Il vaut mieux bouger et ne pas juste se lever. Car plus les mouvements sont intenses, plus ils sont protecteurs pour la santé, explique le docteur Keith Diaz, auteur principal de l’étude et professeur adjoint de médecine comportementale au Columbia University Medical Center. Ces travaux ont étudié 8 000 volontaires américains âgés de plus de 45 ans qui participaient déjà à un autre travail sur le risque d’AVC.
Le temps de sédentarité a été mesuré avec un bracelet d’activité porté pendant sept jours. Cinq ans plus tard, les décès ont été comptabilisés. Puis des analyses statistiques ont été conduites pour voir si le risque de mortalité aurait été réduit si les personnes avaient remplacé 30 minutes de leur temps sédentaire par une activité physique. « La sédentarité trop longue est dangereuse et augmente le risque de mort prématurée. Les adultes extrêmement actifs avaient éliminé les risques de la sédentarité », poursuit Keith Diaz.
En d’autres termes, pour Jean-François Toussaint, directeur de l’Institut de recherche biomédicale et d’épidémiologie du sport (Irmes) : « Oui, le bénéfice est d’autant plus grand que l’intensité, les dépenses énergétiques augmentent, quelle qu’en soit la durée. » Il rappelle toutefois qu’il vaut mieux rester debout qu’assis, et assis que couché, position qu’affectionnent particulièrement les adolescents.
L’homme reste programmé génétiquement pour se tenir debout et bouger. Mais si le génome de l’être humain n’a pas changé, son environnement a été bouleversé en peu de temps. Les progrès technologiques réalisés ces cent dernières années, certes bénéfiques à bien des égards, nous ont rendus extrêmement sédentaires.
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