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vendredi 28 septembre 2018

Risque de psychose : citadinité mais disparités socio-économiques aussi !

Publié le 13/09/2018

« La nature est souvent plus belle que nos villes, mais celles-ci nous en apprennent plus sur nous-mêmes » : cette réflexion du philosophe André Comte-Sponville pourrait concerner aussi la psychiatrie, dans la mesure où, depuis des travaux au milieu du XIXème siècle[1], confirmés au XXèmesiècle[2], et consacrés aux différences dans l’occurrence de la schizophrénie entre les villes et les campagnes, les recherches épidémiologiques ont montré que le mode d’habitat urbain constitue l’un des facteurs de risque de psychose « les mieux établis. » Mais la plupart des données étayant cette association entre psychose et citadinité[3]venaient jusqu’alors de pays à haut revenus.

Exploitant des informations de l’OMS portant sur des échantillons représentatifs des populations de 42 pays « à niveau de revenus faibles ou moyens » (au total plus de 215 000 adultes ≥ 18 ans), une nouvelle étude réévalue cette question de l’influence de la ruralité ou de la citadinité sur le risque de psychose, mais à l’aune aussi cette fois du niveau socio-économique, une perspective généralement méconnue dans les enquêtes sur ce thème.

Pour les auteurs, ces nouveaux résultats montrent que la citadinité représente certes un facteur de risque classique dans les pays dits riches, mais qu’elle « n’est pas systématiquement associée à des risques accrus de psychose dans les pays en voie de développement. » Cette association dépend aussi d’autres mécanismes par lesquels la citadinité pourrait contribuer à l’élévation du risque de psychose dans les pays à haut niveau de revenus, en particulier les degrés de consommation de cannabis, les différences ethniques ou les disparités socio-économiques en fonction du type d’habitat, urbain ou rural.


[1] Jarvis E : On the supposed increase of insanity. Am J Insanity, 1851 (8) : 333–364.
(Publiée de 1844 à 1921, American Journal of Insanity est la revue “ancêtre” de l’actuel American Journal of Psychiatry.)
[2] Faris R et Dunham H : Mental disorders in urban areas. Chicago University Press (1939).
[3] Équivalent français du terme anglais “urbanicity”, ce concept est “généralement apprécié par la densité de population au kilomètre carré.”


Dr Alain Cohen


RÉFÉRENCE
De Vylder JE et coll. : Association of urbanicity with psychosis in low- and middle-income countries. JAMA Psychiatry 2018 ; 75(7) : 678–686.

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