parMaryse Dumoulin
«J’ai envie de dire: qui est-on après un tel drame? Je suis une maman, sans en être une vraiment, et je ne suis pas une maman, tout en étant une quand même. Je me sens amputée “de ce que j’étais avec cet enfant”».(Maman de Louis, mort-né à 5 mois 3/4 de grossesse).
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L
e fœtus, avec l’avènement de nouvelles techniques en médecine néonatale, est devenu un véritable patient pour les professionnels de santé qui gravitent autour de lui. L’obstétricien peut actuellement, suivre le bien-être fœtal et même, soigner certaines des pathologies du fœtus dans le ventre de la mère, avant même sa venue au monde. Quand le décès fœtal se produit in utero ou juste après la naissance, le fœtus cesse brusquement d’être le centre d’intérêt de nombreux soignants. Confié au fœtopathologiste, son corps devient une “pièce opératoire” à examiner pour rechercher les causes du décès.
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Cependant lors des échographies prénatales, la visualisation du fœtus et de ses mouvements contribuent à lui donner une réalité aux yeux de ses parents. Ainsi, bien avant sa naissance, ce “fœtus” est déjà pour eux un véritable enfant. Quand la mort survient, avant ou au moment de la naissance, le fœtus n’en demeure pas moins un enfant pour le couple qui l’a conçu et reste un patient pour les équipes soignantes de maternité qui l’ont pris en charge.
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La mort d’un nouveau-né n’est pas un événement normal, attendu et pourtant, dans nos grands centres hospitaliers, des femmes ont à se rendre en service maternité pour accoucher d’un enfant mort ou qui va rapidement mourir (3 à 4 cas par semaine en moyenne au C.H.R.U. de Lille où se produisent environ 4500 accouchements/an).
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Ces dernières décennies, les travaux de nombreux psychiatres et psychanalystes ont montré que le décès d’un nouveau-né en maternité entraîne la nécessité d’un véritable travail de deuil. Pour engager ce travail de deuil, les parents, la famille mais aussi l’équipe soignante doit prendre conscience de la perte d’un enfant que souvent ni la Loi ni la société ne reconnaissent. Il va de soi que, donner une réalité au nouveau-né décédé, implique pour les soignants de s’occuper du corps de cet enfant et de son devenir.
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