LA PSYCHANALYSE, NI ANGE NI DÉMON
Chawki Azouri 12/01/2017
Nous sommes à notre énième article sur la schizophrénie et les expériences alternatives aux soins psychiatriques classiques. Le lecteur peut penser: pourquoi donner tant d'importance à la schizophrénie? Ce n'est pourtant pas la plus fréquente des affections psychiques. Elle concerne très peu de gens.
C'est vrai qu'elle ne touche que 0,7% de la population mondiale, mais son discours, au-delà de la souffrance et des malheurs, d'où il vient et qu'il entraîne, est, en lui-même, une subversion de l'ordre social. Le discours schizophrénique est un livre ouvert sur l'inconscient, donc ouvert à tous les dangers. Si le discours de la névrose est bâti sur le refoulement, celui de la schizophrénie est bâti sur l'absence de refoulement. C'est donc un livre ouvert sur l'inconscient.
Voilà pourquoi il attire ou il repousse.
Il repousse ceux qui ont peur de la vérité, ceux « qui entendent mais ne comprennent pas, ceux qui regardent mais ne voient pas » (l'Évangile selon saint Matthieu). Et il attire ceux qui veulent savoir et que la vérité n'effraie pas. Au point que si Freud admet qu'«il n'y a pas de transfert psychotique» et que Lacan ajoute «il y a un transfert au psychotique». Le schizophrène suscite donc un transfert, comme le psychanalyste. Comme le psychanalyste, le schizophrène est donc un «sujet supposé savoir». Comme le dit Michel Foucault: «La psychose étale dans une illumination cruelle et donne sur un mode non pas trop lointain, mais justement trop proche, ce vers quoi la psychanalyse doit lentement cheminer.» À savoir vers la connaissance de la vérité.
Cette position de Foucault rejoint celle de Ferenczi et celle de Lacan sur la fin de l'analyse dite didactique, celle qui forme l'analyste à être analyste de profession. Autant Ferenczi que plus tard Lacan témoignent que la fin de l'analyse nous fait traverser un «moment psychotique» qui provient d'une certaine «fraternité» avec la psychose.
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