| 17.01.2017
L'avenir des établissements de santé publics est un sujet de préoccupation des parlementaires communistes. L'hôpital ne serait plus avant tout un lieu de soins mais serait devenu petit à petit un « lieu de rentabilité », selon Laurence Cohen, sénatrice du Val-de-Marne (groupe communiste, républicain et citoyen), qui s'exprimait en amont d'un récent débat organisé à la Haute Assemblée. Avec deux poids et deux mesures : à l'hôpital public, l'État réserverait « les missions peu rentables », tandis que les activités plus lucratives, « qui permettent de s'enrichir », seraient dévolues aux établissements privés.
Pire, continue-t-elle, après la loi HPST de Roselyne Bachelot (en 2009) qui, déjà, « mettait cette politique sur des rails », est venue la loi de santé de Marisol Touraine, « qui aggrave encore la situation ». Les groupements hospitaliers de territoire (GHT) vont permettre, selon Laurence Cohen, de fermer des établissements ou des services. « Un GHT permet de concentrer sur un des établissements qui le compose toutes les missions et tous les pouvoirs », prophétise-t-elle.
Trop de fermetures de lits
Laurence Cohen dénonce également les restrictions budgétaires à l'hôpital qui entraînent trop souvent des fermetures de lits. La sénatrice souligne les contradictions de cette politique. Dans le plan d'urgence grippe, rappelle-t-elle, il est demandé aux hôpitaux de déprogrammer les soins non urgents pour faire face à l'arrivée de malades de la grippe. « Cela prouve bien qu'il y a un manque de lits », estime-t-elle.
Plus généralement, la sénatrice du Val-de-Marne regrette d'être « renvoyée dans les cordes » par les membres de la commission des affaires sociales (dont elle est vice-présidente) lorsqu'elle émet des réserves sur la politique hospitalière menée par les pouvoirs publics, de droite comme de gauche. « Selon eux, on serait des ringards, des dépassés, on ne prendrait pas en compte les progrès réalisés, ni l'irruption de l'ambulatoire », assure-t-elle. Une bonne raison, selon la sénatrice, d'organiser ce débat sur l'avenir de l'hôpital.
La religion de l'ONDAM
Invité à s'exprimer dans le cadre de ce débat, le Pr André Grimaldi s'en est pris pour sa part à la religion de l'ONDAM (objectif national de dépenses d'assurance-maladie). Le professeur émérite de diabétologie à la Pitié-Salpêtrière regrette que chaque année, la représentation nationale vote un objectif trop faible, mettant l'hôpital en difficulté, et le contraignant à augmenter son activité sous peine de déficit. « On est passé du dogme du juste soin au moindre coût, au dogme du juste soin à condition que l'hôpital soit rentable », dénonce-t-il.
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