- HOSPIMEDIA
Seul établissement psychiatrique public des Pyrénées-Orientales, le CH de Thuir demande, par la voix de l'ensemble de ses instances, à ne pas adhérer au futur groupement hospitalier de territoire (GHT) dont l'établissement support sera le CH de Perpignan. La CME souligne néanmoins qu'elle se situe dans une "démarche positive" de coopération.
Les instances du CH Léon-Jean-Grégory de Thuir (Pyrénées-Orientales) dans leur ensemble se sont unanimement prononcées pour une dérogation à l'adhésion au futur groupement hospitalier de territoire (GHT), "dont l'établissement support sera le CH de Perpignan". Le président de la commission médicale d'établissement (CME) du CH, le Dr Philippe Raynaud, précise cependant à Hospimedia le 2 juin que cette initiative ne doit pas apparaître comme une "opposition de principe" aux GHT. Au contraire, l'établissement cherche à s'inscrire dans une "démarche constructive" de coopération, dans la perspective de constituer notamment à l'avenir une communauté psychiatrique de territoire (CPT). La CME a voté une motion le 19 mai, dans laquelle il est rappelé que le CH de Thuir est le seul établissement public de santé mentale (EPSM) du département. Il assure le suivi d'une file active croissante de patients (15 000 en 2015) "qui bénéficient de parcours de soins gradués en adéquation avec leur état de santé". Il assume par ailleurs seul la responsabilité et le suivi des soins sans consentement (plus de la moitié des patients en hospitalisation complète, 11 000 certificats rédigés en 2015).
Une "culture forte du partenariat"
"Conscients de la complexité des besoins nécessaires et de la nécessité de faire appel à des compétences extérieures pour y répondre, les médecins du CH ont développé depuis longtemps une culture forte du partenariat, qui va bien au-delà de la simple coopération sanitaire publique proposée au sein des GHT, avec, de manière non-exhaustive, le secteur social et médico-social, (...), la médecine libérale et les institutions privées, les élus locaux...", écrivent les praticiens. De plus, ils expliquent que compte tenu des coopérations existantes avec le CH de Perpignan, fonctionnelles depuis plusieurs années notamment aux urgences et en psychiatrie de liaison, "l'adhésion à un GHT polyvalent constituerait une moins-value". Une moins-value, précisent-ils, en raison d'un "risque de marginalisation de la psychiatrie, de démantèlement de sa nécessaire dimension territoriale, de repli hospitalo-centrique, d'opacité financière, de rigidification des circuits de décision". Et au regard de la configuration départementale, l'adhésion à un éventuel GHT psychiatrique "ne répond à aucune logique territoriale et serait purement artificielle". Un compte rendu du directoire, signé par le directeur du CH, Philppe Banyols, et daté également du 19 mai, appuie cette position et demande dérogation auprès de la direction générale de l'ARS Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Le directoire se positionne donc pour que le CH de Thuir soit à l'initiative de la réflexion départementale en matière de projet territorial de santé mentale. Il prend aussi acte que, "dans le cadre d'un consensus pleinement partagé entre les deux établissements", le CH de Perpignan s'est orienté vers un GHT "à prédominance MCO, dépassant le cadre du territoire départemental et sollicite l'autorisation de pouvoir être associé au projet médical de ce groupement".
Usagers et représentants des personnels mobilisés
D'autre part, les représentants des usagers au conseil de surveillance et aux autres instances du CH ont tenu à formaliser également une motion, appuyant la demande de dérogation. Ils plaident pour le maintien de cette prise en charge spécifique de qualité offerte par le CH psychiatrique et égrènent la liste des services et organes de coopération sanitaire et médico-sociale depuis plusieurs années pour illustrer la "forte culture du partenariat" précédemment évoquée. Enfin, dans une autre motion votée le 18 mai, les élus du personnel du comité technique d'établissement (CTE), représentant les syndicats CGT, Sud et FO, s'inquiètent des répercussions sociales qu'impliquerait l'adhésion à un GHT polyvalent. Ils s'opposent en effet "fermement au principe de mutualisation obligatoire induite par la constitution" des groupements hospitaliers. "Ce principe même remet en cause le maintien de l'emploi dans les services administratifs, logistiques et médico-techniques de notre établissement", écrivent-ils. Cela favorise également selon eux "la mobilité forcée de personnels soignants qui ont axé leur projet professionnel sur la spécificité du soin en psychiatrie et non sur les soins généraux". Ils craignent ainsi, de manière générale, une dégradation des conditions de travail et une dilution des besoins en matière de formations spécialisées, a fortiori dans un département "économiquement et socialement sinistré". Ce qui se traduit, en parallèle de la réforme de l'organisation territoriale des soins envisagée, par "une augmentation exponentielle" de la demande de soins en psychiatrie...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire