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lundi 30 mai 2016

Un tiers des carabins dopés aux psychostimulants pour réviser

Sophie Martos   30.05.2016

Un tiers des étudiants et des internes en médecine ont consommé au moins une fois des psychostimulants afin d'améliorer leurs capacités cognitives et leur vigilance, rapporte une étude de l'INSERM publiée dans la revue « Medicine » et codirigée par le Dr Guillaume Fond, psychiatre et chercheur à l'hôpital Henri Mondor (Créteil).
Cette enquête, menée auprès de 1 718 étudiants et internes par un questionnaire en ligne, montre que 30 % des sondés ont déjà consommé des pilules de caféines et des boissons énergisantes, 7 % des médicaments prescrits par ordonnance (corticoïdes...) et 5,2 % des drogues illicites (cocaïne et amphétamines).

Le recours aux corticoïdes, spécificité française
Parmi les médicaments prescrits, les corticoïdes arrivent en tête (5 % de consommation), devant la Ritaline (prescrit pour les troubles de l'attention et de l'hyperactivité) et le modafinil (utilisé dans la prise en charge de la narcolepsie).
« Nous avons été interpellés par la consommation de corticoïdes. Elle est supérieure à celle des Américains et des Anglais, c'est une spécificité française, analyse le Dr Fond. En revanche la consommation de Ritaline et de modafinil est supérieure dans les pays anglophones, autour de 7 à 15 % ».
Selon l'équipe INSERM, cette situation peut s'expliquer par la politique de délivrance restrictive de certains médicaments. En France, la Ritaline et le modafinil sont prescrits par les psychiatres et les neurologues. Les étudiants « se rabattent sur les corticoïdes, plus faciles d'accès », poursuit-il.
Pic de consommation en PACES et lors des ECN
Les auteurs de l'étude ont enregistré sans surprise un pic de consommation lors des périodes de concours en première année commune des études de santé (PACES) et en sixième année, lors des épreuves classantes nationales (ECN).
Près de 70 % des étudiants de PACES et lors des ECN consomment des produits dopants afin de lutter contre la privation de sommeil. Et 47 à 55 % des carabins utilisent ces psychostimulants pour accroître les capacités de mémoire et la concentration. « C'est une consommation à visée de performance, analyse le Dr Fond. Lors du second cycle, les étudiants ont une consommation à visée plus récréative avec la cocaïne et les amphétamines ».
Le médecin met en garde contre les effets de ce dopage. « Les corticoïdes peuvent avoir un effet néfaste. Ils provoquent des troubles du métabolisme et perturbent le sommeil. Nous avons vu des cas de décompensation psychiatrique », précise-t-il.
L'équipe INSERM souhaite effectuer une évaluation annuelle du recours aux psychostimulants afin de bénéficier de statistiques françaises d'une année à l'autre permettant d'analyser l'évolution des comportements (ainsi que l'impact des futures réformes).
À terme, les chercheurs souhaiteraient comparer les spécialités médicales. « Notre étude montre par exemple que les chirurgiens consomment une quantité supérieure de corticoïdes par rapport à d'autres spécialités, lors des gardes, probablement parce que leur repos de sécurité n'est pas toujours respecté ».

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