Le CH Gérard-Marchant, spécialisé en psychiatrie, et les cliniques de Beaupuy et des Cèdres du groupe Capio ont mis en place à Toulouse (Haute-Garonne) un partenariat public-privé donnant naissance à une structure novatrice d'hospitalisation à domicile (HAD). Celle-ci vise à désengorger les urgences et réduire les hospitalisations évitables.
Psydom31, une structure d'hospitalisation à domicile (HAD) en psychiatrie ouvre ce 7 septembre à Toulouse (Haute-Garonne) "dans le cadre d'un partenariat public-privé inédit, au service du patient", ont annoncé les cliniques privées de Beaupuy et des Cèdres (groupe Capio) et le CH Gérard-Marchant. Cette structure est la première en HAD psychiatrique autorisée dans le secteur privé en France. Elle souhaite apporter "des réponses innovantes à plusieurs niveaux", expliquent les promoteurs de Psydom31 dans un communiqué.
Réduire les DMS et les hospitalisations évitables
Psydom31 se veut en effet "une solution de proximité, alternative et complémentaire aux dispositifs de prise en charge existants", couvrant la totalité du territoire de Toulouse Métropole. Elle devrait permettre "de raccourcir les séjours en institution et d’éviter les hospitalisations systématiques", expliquent-ils. Cette structure a également pour objectif de faciliter la réponse à la médecine de ville, tout en contribuant au "désengorgement des services d’urgence", et de "diminuer la tension sur les lits". Le projet a commencé à émerger début 2013. Mais au départ c'est séparément que le groupe Capio et le CH ont proposé à l'ARS Midi-Pyrénées des projets d'HAD en psychiatrie. Projets qui ont mûri simultanément sur plusieurs années. C'est l'ARS qui a suggéré aux établissements de porter ce projet ensemble, explique à Hospimedia la directrice du CH Gérard-Marchant, Catherine Pasquet. Elle explique que la structure a dû faire l'objet d'un montage juridique spécifique. Le CH gère quinze lits ainsi que les établissements Capio, portant pour l'heure à trente lits l'offre globale. Chaque offreur de soin, public et privé, est titulaire d'une autorisation avec son personnel soignant propre et sera certifié par la Haute Autorité de santé (HAS) séparément pour ce service. Mais un groupement de coopération sanitaire (GCS) porte la coordination en ressources humaines (RH) et la logistique. Au sein de ce GCS se trouvent les médecins — dont le Dr Serge Boubli, psychiatre à la clinique Beaupuy, médecin coordonnateur et "père du projet" —, le cadre de santé, la secrétaire et l'assistante sociale dédiés. Le GCS gère aussi les locaux, le logiciel informatique pour le dossier patient, etc. Chaque établissement a son budget propre et finance par reversement le GCS. Le budget total est de l'ordre de 1,8 million d'euros (M€) par an, partagé à moitié entre public et privé, et le budget du GCS est d'environ 450 000 €. Enfin, le siège du GCS est au CH Marchant, indique la directrice. "Chaque établissement a ses propres locaux pour son équipe" puisque le CH couvre la zone nord de la métropole et les cliniques la zone sud.
Une zone d'intervention géographique et non par pathologie
"Cette répartition géographique entre CH et cliniques est une originalité du projet, puisque d'habitude la répartition entre les secteurs public et privé se fait davantage par type de pathologie, avec les patients les plus "lourds" accueillis au CH", explique Catherine Pasquet. Elle souligne qu'avec Psydom31, "cela va être extrêmement intéressant car l'on va recevoir l'un et l'autre une patientèle que l'on n'a pas — ou plus — l'habitude d'accueillir". Ce projet entend créer "une bonne articulation avec les réseaux ambulatoires et permet de maintenir à domicile des personnes à mobilité réduite ou d’éviter la déscolarisation de jeunes adultes". La structure accompagne le patient et sa famille dans son quotidien, à son domicile ou sa résidence en Ehpad en lui proposant une prise en charge hospitalière. Le patient sera alors accompagné par une équipe pluridisciplinaire intervenant quotidiennement ou plusieurs fois par jour. L’évaluation médicale est hebdomadaire et la prise en charge 7 j/7 est limitée à un mois, renouvelable une fois. L'objectif étant de "replacer le patient au cœur de sa propre thérapie" et de l'accompagner "sur la voie de l’indépendance dans la conduite de ses tâches quotidiennes et de son devenir".
Création d'un prix de journée
Claude Nedelec, directrice moyens séjours en Midi-Pyrénées pour le groupe Capio, indique par ailleurs à Hospimedia que c'est "effectivement la première HAD en psychiatrie autorisée dans le privé, puisque nous sommes toujours en attente de notre tarif spécifique*, qui n'existait pas de facto auparavant...". "C'est donc une première à double titre, avec ce partenariat noué avec le public", ajoute-t-elle, assurant qu'il correspond "pleinement à la philosophie du groupe Capio". Les deux promoteurs du projet tiennent à souligner l'un des facteurs essentiels de la réussite de cette initiative : le soutien de l'ARS "dès le départ". Un soutien notamment acquis grâce à l'un des arguments avancés par les promoteurs, celui de la réduction de la pression sur l'hospitalisation complète et les urgences psychiatriques. Autre facteur de succès : la "très bonne entente entre les personnes, notamment entre les responsables médicaux, du CH et de la clinique". Le premier patient était attendu ce 7 septembre. Mais celui-ci n'était même pas arrivé que l'un des promoteurs du projet pronostiquait d'ores et déjà "une montée en puissance" qui nécessiterait d'augmenter l'offre autorisée à ce jour...
Des cliniques "atypiques"
Les cliniques de Beaupuy et des Cèdres sont plutôt "atypiques" dans le parc d'établissements Capio, qui est majoritairement tourné vers le MCO, souligne la directrice régionale moyens séjours Capio, voire atypiques dans leur offre diversifiée de psychiatrie. La clinique de Beaupuy (près de 160 lis) fait notamment partie des très rares établissements privés lucratifs accueillant des patients soignés sous contrainte en psychiatrie. La clinique des Cèdres gère quant à elle à la fois des lits de MCO et de SSR mais aussi un "gros pôle" de 130 lits et places de psychiatrie. Enfin, toutes deux gèrent des lits de post-urgences psychiatriques, accueillant aussi des patients venus de l'hôpital public.
* Le niveau de tarif devrait tourner autour de 180€ "tout compris" par jour mais les modalités techniques de facturation restent à définir.
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