“La jalousie est de toutes les maladies de l’esprit celle à qui le plus de choses servent d’aliment et le moins de choses de remède.” (Montaigne, Essais)
S’appliquant à l’être humain, le champ de la psychiatrie peut recouvrir les thèmes les plus divers, comme le prouve une étude menée à l’Université de São Paulo (Brésil) sur les « sujets avec une jalousie pathologique », connue parfois sous le terme « syndrome d’Othello », en référence au personnage de la célèbre tragédie de Shakespeare. Contrairement à la notion classique de vaudeville associée à ces situations triangulaires (comme le tryptique femme, mari et amant), les dysfonctionnements dans les relations amoureuses peuvent entraîner des conséquences moins légères que celles suggérées par le théâtre de boulevard (à moins de se remémorer l’origine de ce nom, associé au boulevard du Temple à Paris, surnommé jadis « boulevard du Crime en raison des nombreux mélodrames et histoires de meurtres qui y étaient présentés »).
Affectant autant les hommes que les femmes (avec cette nuance que les hommes seraient plus perturbés par l’infidélité sexuelle et les femmes par l’infidélité sentimentale), la jalousie pathologique peut en effet s’accompagner de problèmes de santé sévères, allant de l’anorexie, l’abus d’alcool (solvant « réputé » du chagrin !) ou d’une autre substance, à la dépression et au suicide. Les auteurs observent (sur un effectif de 32 sujets avec jalousie morbide, trop réduit pour autoriser une généralisation de cette étude) que les jaloux pathologiques présentent des « niveaux élevés d’impulsivité et d’anxiété » et une « faible adaptation sociale. » Ils sont en moyenne plus âgés et « caractérisés de façon prédominante par un « attachement de type anxieux et ambivalent » et un « style amoureux de type Mania » (dans la typologie amoureuse proposée en 1973 par J.A Lee dans son livre Colors of Love). C’est-à dire que leur amour est « obsessionnel ou possessif, jaloux et extrême » pouvant entraîner l’intéressé à commettre un acte insensé « tel que le harcèlement criminel », comme dans le film d’Adrian Lyne, Liaison fatale (Fatal Attraction).
À défaut de molécule active, un remède éprouvé contre la jalousie et la souffrance amoureuse serait de suivre le conseil avisé de l’ineffable Sacha Guitry : « À l’égard de quelqu’un qui vous prend votre femme, la pire vengeance est de la lui laisser. »
Dr Alain Cohen
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