La tendance occidentale est à la réduction de la durée de séjour après l’accouchement. Les études qualitatives montrent que, dans ces circonstances, les jeunes parents se sentent en insécurité et se posent de multiples questions.
Depuis 2011, les jeunes mères danoises peuvent quitter la maternité entre 4h et 24h après l’accouchement. Leur sage-femme les contacte par téléphone dans les 24h suivant la sortie, et les revoit en consultation encore 24h plus tard pour les dépistages néonataux. Dans les cinq à six jours suivant la naissance, les familles peuvent consulter ou bénéficier de consultations par téléphone.
Les jeunes parents réclament de pouvoir interroger les professionnels de santé facilement tout en craignant de les déranger s’ils les contactent par téléphone, aussi souhaitent t’ils d’autres moyens de communication qui leur permettent de bénéficier d’informations et d’aides personnalisées et appropriées.
C’est là que la télémédecine a potentiellement sa place et les auteurs de cette étude qualitative et interventionnelle danoise ont développé une application en ce sens. Elle permet pendant une semaine d’échanger avec des professionnels des messages écrits, photos ou vidéos et de recevoir une réponse dans les 4h ; une fonction « recherche » aide les parents à trouver les informations dont ils ont besoin sous formes d’articles ou de vidéos. Enfin, toutes les 12h après la naissance, les femmes reçoivent des messages d’information sur l’allaitement, les signes digestifs du nouveau-né, etc.
Quarante-deux jeunes mères ont pris part à l’étude et seules deux femmes ont décliné l’offre de participation : l’une parce que « pas intéressée par la technologie », l’autre parce qu’elle considérait ne pas avoir besoin de ce type de soutien puisqu’elle avait accouché de son cinquième enfant. Mais au final, seules 28 interviews ont pu être menées, de nombreux couples ayant renoncé essentiellement par manque de temps.
Six mères étaient sorties directement depuis la salle de naissance, les autres ont effectué un séjour en service de suites de couches de moins de 24h. Deux ont été réadmises : l’une pour des difficultés d’allaitement, l’autre pour une lymphangite.
Tous ces parents étaient familiers des nouvelles technologies et toutes les femmes possèdaient un smartphone qu’elles utilisaient pour aller chercher tout type de renseignement. Le principe des informations envoyées au fur et à mesure leur a bien convenu « car il est impossible de retenir tout ce qui est dit à l’hôpital ». Les réponses aux questions étaient perçues comme plus élaborées qu’à l’oral, et facile à comprendre car il est possible de les relire plusieurs fois. L’option permettant d’envoyer des photos était rassurante pour les parents et leur évitait une consultation. Les familles préféraient poser une question sur un forum plutôt que d’appeler le soignant et d’avoir l’impression de l’interrompre pendant son activité. Pour les parents « expérimentés », l’application reste utile car elle les réassure sur leurs capacités.
Tous les parents réclament plus de messages, certains auraient voulu disposer de l’application plus longtemps ou même pendant la grossesse. De rares femmes ont été stressées par les messages, ne les trouvant pas assez clairs, ou ne reflétant pas leur situation mais, globalement, l’expérience est positive pour les familles, même expérimentées.
Marie Gélébart
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