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lundi 23 mars 2015

La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre

24/03/2015

« The apple does not fall from the tree » : la pomme ne tombe pas loin du pommier. Par cet aphorisme, l’éditorialiste de JAMA Psychiatry souligne la notion intuitive que, « pour des raisons liées à l’héritage génétique, à l’environnement, ou le plus souvent aux deux », le phénotype d’un enfant est corrélé à celui de ses parents. En français, cette même idée est rendue aussi par les dictons «Les chiens ne font pas des chats », « Tel père, tel fils » et «Bon sang ne saurait mentir. » La validité de cette conception proverbiale a été testée dans une étude[1] comparant les phénotypes des parents et de leurs enfants dans près de 200 familles en cas de délétion chromosomique de novo (de type 16p11.2). En somme, pour filer la métaphore, les chercheurs ont «mesuré la distance qu’une telle mutation spontanée imprime à la pomme quand elle s’éloigne de l’arbre. »

Si cette enquête n’est pas la première à explorer la dimension génétique en psychiatrie, puisque des recherches analogues ont déjà été consacrées notamment à la microdélétion 22q11.2 (syndrome vélo-cardio-facial de Di George), elle se distingue par la taille importante de sa population et par le fait qu’elle approfondit l’étude des phénotypes au fil des générations, à la fois chez des sujets porteurs et non porteurs de l’anomalie génétique.
L’auteur rappelle que « l’implication de la variabilité du nombre de copies d’un gène (CNV)[2] dans divers troubles neuropsychiatriques figure parmi les apports les plus consistants de la génétique à la psychiatrie » et que ce type d’études « fait progresser notre compréhension de l’incidence sur le phénotype. » En l’occurrence, la délétion 16p11.2 (héritée ou survenant de novo) semble avoir une « expressivité très variable, tant chez les témoins que chez les patients avec autisme, déficience intellectuelle, comitialité ou retard de langage. » Et comme cette délétion 16p11.2 a d’abord été découverte lors de recherches génétiques sur des cohortes ayant des troubles du neuro-développement, le constat de sa fréquence chez des sujets sans diagnostic clinique s’est révélé « assez surprenant. »
Les différences apparentes dans la fréquence des phénotypes associés à la délétion ou à la duplication de ce matériel génétique constituent « une autre caractéristique intéressante» : par exemple, la schizophrénie semble associée plus souvent à la duplication, et de nouveaux indices « suggèrent des effets de la délétion et de la duplication sur le périmètre crânien et sur l’indice de masse corporelle. » Au-delà de son apport particulier pour la connaissance de la délétion 16p11.2, cette  étude confirme l’intérêt croissant des investigations génétiques en psychiatrie.
[1] A. Moreno-De-Luca & coll.: The role of parental cognitive, behavioral, and motor profiles in clinical variability in individuals with chromosome 16p11.2 deletions [published online December 10, 2014]. JAMA Psychiatry. doi:10
.1001/jamapsychiatry.2014.2147.

[2] CNV (copy number variation) : type de polymorphisme où le nombre de copies d’un même gène peut varier entre individus d’une même espèce.
Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCES
Morrow EM: Quantifying the effects of rare variants in pedigrees. How far does the apple fall from the tree? JAMA Psychiatry, 2015; 72: 106–107.

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