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mardi 2 décembre 2014

Pour soigner la maladie mentale, peu importe le design ?

25/11/2014

« On ne soigne pas avec des murs mais avec des hommes » rappellent les contempteurs des politiques sécuritaires prônant l’enfermement. Mais sans remettre en cause la prépondérance des moyens humains dans la prise en charge du malade mental, il est probable que le cadre contribue, peu ou prou, à favoriser ou au contraire à freiner la guérison, par son aspect « d’interaction dynamique entre les dimensions sociales et symboliques. » Dans son ouvrage Un lieu où renaître, Bruno Bettelheim explique ainsi que le patient « sait fort bien que le bâtiment lui-même –murs, portiques, allées– représente une structure permanente qui ne saurait être améliorée momentanément dans le seul but de l’impressionner favorablement. Puisque l’aspect extérieur d’un établissement est si éloquent qu’il n’a pas besoin de paroles, il revêt donc une importance capitale. »

À travers une analyse de la littérature médicale en langue anglaise à ce sujet (dans les bases de données Medline, Embase et PsycInfo), une équipe britannique a évalué les effets de l’environnement architectural et physique sur « l’évolution des patients et le bien-être des personnels. » Au terme de leur recherche, les auteurs ne découvrent «aucun lien de causalité puissant » entre la conception de la structure institutionnelle (design architectural) et le devenir clinique des intéressés. Certes, l’existence d’espaces privatifs et un « environnement agréable » contribuent au bien-être du patient, mais les différents acteurs peuvent « éprouver des ressentis contradictoires » sur la conception de leur institution dont le design présente une « dimension symbolique et sociale » pour les patients. Et en définitive, les données concernant « l’impact du design sur l’efficacité du traitement ne sont pas concluantes. » Il faudrait, estiment les auteurs, des essais contrôlés « rigoureux », comportant de « nouvelles approches. » En particulier, l’appréciation différente des divers acteurs sur le lieu de vie mérite « une enquête plus approfondie. »  
Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Papoulias C et coll.: The psychiatric ward as a therapeutic space: systematic review. Br J Psychiatry 2014; 205: 171–176

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