AU RAPPORT
L'Observatoire national du suicide vient de rendre son premier état des lieux.
Un Français sur cinquante meurt par suicide. Et un sur vingt fait une tentative au cours de sa vie. L’année dernière, le Conseil économique, social et environnemental (le CESE) avait appelé à une mobilisation contre le suicide, rappelant qu’il s’agissait là d’un vrai problème de santé publique. Un observatoire national a été mis en place dans la foulée. Il vient de publier son premier rapport, un gros travail de compilation des données existantes en la matière.
LES HOMMES SURTOUT, ET LES VIEUX
En 2011, on a enregistré en France métropolitaine 10 367 décès par suicide, et près de 200 000 personnes ont été prises en charge aux urgences après une tentative. Mais, précise l’observatoire, ces données, issues des certificats de décès, sont en deçà de la réalité. «Un certain nombre de suicides ne sont pas connus avec cette statistique», notamment les morts violentes sans précision de l’intention et en cas d’absence de retour de certains instituts médicolégaux. Environ 10% des suicides ne seraient donc pas comptabilisés. Pour l’année 2011 donc, le nombre de morts par suicide serait supérieur à 11 000.
Les hommes meurent plus en se suicidant que les femmes. L’écart est très net, de l’ordre de trois fois plus. Cela dit, les femmes effectuent deux fois plus de tentatives que les hommes, mais elles en meurent beaucoup moins.
Le taux de décès par suicide augmente aussi avec l’âge. Un tiers de ceux qui meurent par suicide avaient plus de soixante ans. Le «ratio tentative/suicide abouti» est particulièrement élevé chez les personnes âgées. De l’ordre de 1 pour 4, contre 1 pour 200 chez les personnes de moins de 25 ans ; l’étude précisant que «l’intentionnalité plus grande du sujet âgé se conjugue souvent avec une fragilité organique sous-jacente plus grande.»
En revanche, note l’observatoire, la part du suicide dans la mortalité générale est nettement plus élevée chez les jeunes. Le suicide reste aujourd’hui la deuxième cause de décès chez les jeunes après les accidents de la route. Il représente 16% du total des morts de 15-24 ans.
Les décès par suicide par tranche d’âge et par sexe (Observatoire national du suicide)
DES DISPARITÉS RÉGIONALES
La Bretagne arrive en tête. Le taux de suicide dépasse de 60 % le taux moyen de la France métropolitaine… Suivent, dans l’ordre décroissant: la Basse-Normandie, le Nord-Pas-de-Calais, la Picardie et le Limousin, avec des taux supérieurs de plus de 25 % au taux moyen de France métropolitaine.
A l’autre bout, on trouve Midi-Pyrénées, Rhône-Alpes, Corse et Alsace, avec les taux de décès par suicide les plus bas : inférieurs de plus de 15 % au taux moyen de France métropolitaine.
Les décès par suicide par régions (Observatoire national du suicide)
MODE OPÉRATOIRE ET MÉTIER
Il n’est pas possible aujourd’hui de comptabiliser avec précision le nombre de suicides liés au travail. L’observatoire s’en tient donc à regarder, profession par profession, le nombre de personnes qui se donnent la mort. Ainsi, «les agriculteurs, employés et ouvriers ont un risque de décéder par suicide deux à trois fois plus élevé que celui des cadres». Les professions gravitant autour de la santé et de l’action sociale sont aussi particulièrement exposées au risque de suicide.
Les décès par suicide chez les salariés (Observatoire national du suicide)
Enfin, on ne se suicide pas de la même façon selon le métier que l’on exerce… «Chez les femmes, les cadres, professions intermédiaires, employées et ouvrières se suicident davantage par ingestion de substances solides ou liquides tandis que la pendaison est plus fréquente chez les exploitantes agricoles et les artisanes-commerçantes.»
Les hommes, toutes professions confondues, ont plus recours à la pendaison, surtout les agriculteurs (56%) et les artisans commerçants (42,3 %). «Chez les employés, lit-on dans le rapport, les armes à feu sont le mode de suicide le plus fréquent (32,3 %), la pendaison arrivant en deuxième position (29,7 %).»
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