Le Syndicat national des médecins de protection maternelle et infantile (SNMPMI) réunit aujourd’hui et demain à Paris son 40e colloque. Quelque 300 médecins et professionnels sont attendus. À cette occasion, le Dr Pierre Suesser, président du syndicat, alerte sur l’absence des médecins de PMI dans la loi de santé et s’inquiète des répercussions de la réforme territoriale.
LE QUOTIDIEN : Que pensez-vous du projet de loi de santé de Marisol Touraine ?
Dr SUESSER : Sur le papier, le système de santé est remis en selle autour des notions de prévention, de prise en charge globale du patient, d’action de santé publique et de promotion de la santé. C’est notre dynamique depuis plus de 40 ans et pourtant, nous n’apparaissons pas dans la loi ! Surprenant décalage, non ?
La loi affirme par ailleurs l’extension du médecin traitant, généraliste ou pédiatre, aux moins de 16 ans. Les médecins libéraux n’ont-ils pas autre chose à faire qu’assurer le suivi pédiatrique ? C’est une fausse bonne idée. Et personne ne sait si les médecins de PMI entreront dans le dispositif – même si ce n’est pas une de nos revendications.
Quelles sont les mesures en faveur de la PMI que vous souhaiteriez ?
Dans la loi de santé, nous voulons être reconnus officiellement par les agences régionales de santé comme des acteurs à part entière de la coopération locale prévue dans le cadre du nouveau service territorial de santé au public. C’est une question de cohérence. Nous voulons que nos actions soient mieux arrimées à celles des autres acteurs de la santé de l’enfant.
Autre urgence : un meilleur financement des services de PMI et davantage de moyens pour les professionnels. Les ARS pourraient « ouvrir » aux conseils généraux l’enveloppe spécifique consacrée à l’amélioration de la qualité et de la coordination des soins. Les centres de santé y ont bien accès... La loi de protection de l’enfance prévoit aussi un financement pour des missions de prévention. Nous demandons au gouvernement de nous y donner accès. Enfin, il faudrait revaloriser les actes paramédicaux.
Par ailleurs, la création d’un conseil national réunissant les acteurs de la protection de la santé familiale serait essentielle ! Cette instance serait force de propositions auprès du ministère de la Santé.
La réforme territoriale envisage pour 2020 la suppression d’une partie des conseils généraux, tutelles des services de PMI. Vous sentez-vous menacés ?
La réforme territoriale ne fera que confirmer la situation d’instabilité que nous subissons déjà. Les services de PMI sont obligatoires dans chaque département mais beaucoup sont désorganisés, noyés dans d’autres services sociaux de protection à l’enfance.
La pénurie médicale nous guette et nous ne parvenons pas à attirer les jeunes. Aujourd’hui, 10 000 personnes travaillent en PMI, dont 2 000 médecins à temps plein et plusieurs centaines de vacataires. C’est insuffisant. En 2020, les deux tiers des médecins qui exerçaient à temps plein en 2006 seront à la retraite.
En début de carrière, un médecin de PMI gagne 2 000 euros net par mois. Un médecin salarié d’un centre de santé perçoit un salaire jusqu’à deux fois plus élevé.
Propos recueillis par Anne Bayle-Iniguez
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