« Peut-on caractériser les pratiques de prescription ? » C’est la question que se pose la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), bureau placé sous l’égide des ministères de la Santé, de l’Économie et du Travail.
Dans une récente étude, chercheurs et économistes s’interrogent sur « la possibilité de cibler les médecins en fonction du coût de leurs prescriptions », en les comparant« avec et sans prise en compte de l’état de santé de la patientèle ».
Pourquoi ? Car « dans un contexte d’importantes tensions budgétaires, il existe donc un enjeu fort à contenir la dépense de médicaments en France », explique la DREES.
Plusieurs leviers existent déjà : baisse des prix des médicaments, des taux de remboursement, « actions explicites » de l’assurance-maladie auprès des patients et des médecins pour « influer sur leur prescription ». La DREES prend en exemple les visites des délégués de l’assurance-maladie « auprès de certains médecins préalablement identifiés » et la mise en œuvre du dispositif de paiement à la performance (ou ROSP), qui vise à « inciter [les généralistes] à augmenter leurs prescriptions dans le répertoire des génériques ».
60 euros les troubles mentaux, 30 euros les maladies de l’appareil circulatoire
Pour l’instant, la DREES cherche encore la marche à suivre. Cela passe par la construction d’un « indicateur synthétique permettant de comparer les prescriptions », qui, en toute logique, devrait être « fondé sur le critère purement financier du coût des ordonnances ». Problème : le sexe, l’âge et le type de pathologies dont souffrent les patients divergent entre médecins. « Un médecin peut avoir un coût moyen de traitement ponctuel élevé du simple fait qu’il soigne des patients dont l’état de santé est moins bon, c’est-à-dire ayant des pathologies qui occasionnent des prescriptions plus onéreuses », admettent les experts.
De plus, des écarts importants subsistent entre diagnostic : « les troubles mentaux du comportement occasionnent en moyenne un coût ponctuel de traitement de l’ordre de 60 euros quand les maladies de l’appareil circulatoire occasionnent en moyenne un coût ponctuel de traitement d’environ 30 euros », chiffre la DREES.
Enfin « les effets structures », à savoir la part de génériques délivrés par les médecins, affectent aussi le coût de la prescription.
La conclusion de la DREES porte à croire que des travaux supplémentaires sont nécessaires pour développer un indicateur du coût des ordonnances efficace et l’« exploit[er] à des fins opérationnelles ».« Avant de tirer les implications des résultats de ces travaux, il est important d’en souligner les limites », confessent les chercheurs.
› ANNE BAYLE-INIGUEZ
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