La santé et la banque sur le modèle des Amap
30 juin 2013
Pourquoi les circuits courts seraient-ils cantonnés à la bouffe ? Popularisée par le système des Amap (les associations pour le maintien d’une agriculture paysanne), cette approche économique et sociale gagne d’autres domaines. C’est ce qu’a démontré la dernière rencontre du Labo de l’économie sociale et solidaire, lundi dernier. Pour les têtes pensantes du Labo, quatre critères distinguent les circuits courts : la création de lien social, l’équité dans les échanges financiers, une approche participative et une logique pédagogique. Vu comme ça, les projets fleurissent un peu partout.
A Saint-Denis, l’Association communautaire santé bien-être accueille dans son centre médical des habitants perçus comme «acteurs de leur propre santé». Ils choisissent eux-mêmes l’aménagement du bâtiment, participent aux activités de prévention ainsi qu’à des rencontres.
Dans les énergies renouvelables, la société coopérative d’intérêt collectif Enercoop achète depuis 2005 de l’électricité directement auprès de producteurs indépendants, puis la revend aux entreprises et particuliers. Là encore, réduire les intermédiaires est un objectif.«Si l’électricité est pour l’instant redistribuée sur l’ensemble de la France, Enercoop souhaite mieux s’ancrer dans les régions au cours des prochaines années», explique Julien Mary, juriste de la structure.
Du côté des banques, la Nef assure fonctionner en circuits courts depuis 1988. Cette société financière coopérative collecte l’épargne de ses clients sur des comptes de dépôts à terme et accorde ensuite des prêts aux plus méritants. Elle sélectionne ceux qui développent des activités professionnelles à des fins sociales et fait parvenir la liste des sélectionnés aux épargnants. Un air de famille avec les récents projets de crowdfunding qui fleurissent sur le Web.
Si ces démarches traversent tous les domaines économiques, passer d’une échelle micro à une échelle macro ne sera pas aisé. Pour l’économiste Jean-Louis Laville, les raisons de cette résistance sont multiples : «L’histoire de l’économie sociale et solidaire, soit son institutionnalisation a posteriori, a forcé la séparation entre différentes structures aux objectifs pourtant similaires. Et les politiques publiques ne prévoient pas encore de valoriser ou de stabiliser la mise en œuvre des circuits courts sur plusieurs années.»
Plus radicale, l’ex-ministre de l’Environnement Corinne Lepage affirme que «le combat pour les circuits courts est aussi politique qu’économique» : «Ces méthodes et habitudes de consommation sont à l’opposé de celles que les acteurs dominants veulent faire vivre,affirme-t-elle. Il s’agit de reconquérir un pouvoir par un mouvement venu d’en bas.» Autant dire que la route est encore longue avant que les circuits ne deviennent une priorité politique.
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