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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

lundi 13 avril 2015

Troubles psychiques : un patron doit-il tout savoir ?

SUISSE 7 Avril 2015
Près de deux semaines après le crash de l’avion, pas une seule journée sans que la personnalité et le passé médical du co-pilote allemand ne soient passés au crible. Était-ce si prévisible ? L’entreprise a-t-elle engagé tous les moyens possibles pour encadrer le co-pilote ? Pourquoi ne pas renforcer les contrôles ? Une pléthore de questions, frisant parfois le mélange des genres.
Il est important de rappeler que les troubles psychiques sont fréquents; 20% de la population suisse seraient concerné selon une étude de l’OCDE publiée en 2014. Mais ils restent encore mal compris et tabous dans le monde de l’entreprise.
Il n’est pas rare d’entendre dans les conversations la remise en cause du secret médical et des conditions d’employabilité. Il existe cependant un cadre légal en Suisse, couplé avec des normes pour des industries précises. 
Une réalité complexe, qui nécessite de faire la part des choses
« On doit balancer entre la protection de la sphère privée, la protection de la santé des employés, la protection des intérêts économiques de l’entreprise mais aussi la protection de l’intérêt général, c’est-à-dire la sécurité de la population », explique Jean-Philippe Dunand, professeur de droit du travail à l’Université de Neuchâtel, avocat et président du conseil de l’Institut de droit de la santé.

Une Américaine condamnée à 20 ans de prison pour avoir empoisonné son fils avec du sel

francetvinfo 

Le juge a estimé que la mère souffrait d'une maladie mentale, connue comme "syndrome de Münchhausen par procuration".

Elle est restée sans réaction. Une Américaine de 27 ans a été condamnée, mercredi 8 avril à White Plains (Etat de New York), à vingt ans de prison, pour avoir tué son fils de cinq ans en lui faisant ingérer d'énormes quantités de sel.

La barrière sociale : la pire des barrières face à la dépression ?

 Professeur de psychiatrie et de psychologie médicale à la faculté de médecine de Toulouse

Le fait qu'un pilote cache sa maladie dépressive, qu'il hésite à se soigner et prenne un traitement de manière discontinue, a fait naître de multiples hypothèses, autant sur sa maladie que sur sa personnalité et sur les effets du traitement qu'il suivait.
Une question essentielle n'a pas été abordée: pourquoi le pilote a-t-il refusé de se soigner ? Et d'une manière générale, qu'est-ce qui pousse quelqu'un à refuser la maladie et le traitement durable et prolongé pour y faire face. Ceci ne concerne pas que les maladies mentales, bien sûr. Toutes les familles et tous les médecins connaissent un diabétique se soignant mal, un hypertendu ne prenant pas son traitement ou quelqu'un négligeant des saignements répétés ou un amaigrissement prolongé.
Frein majeur au traitement thérapeutique, on parle alors de déni de la maladie. Et aussi, directement lié à ce déni, la mauvaise alliance thérapeutique, ce désaccord entre le patient et son médecin sur les objectifs de soins et la participation active aux soins.
Déni, mauvaise alliance et mauvaise compréhension représentent les éléments les plus classiques de la barrière au traitement.
Mais qu'en est-il de la dépression? La dépression représente le trouble le plus fréquent en matière de maladie mentale puisqu'une personne sur cinq fera dans son existence un épisode demandant des soins.

Comment mieux faire valoir les droits des personnes ?

07/04/15

«FAIRE CHANGER COLLECTIVEMENT NOTRE REGARD»
 
Annick Hennion,  
directrice générale de la Fondation Falret (1)

«Cette loi du 5 juillet 2011 constitue un progrès incontestable. C’est essentiel que les droits des personnes hospitalisées sous la contrainte puissent être examinés par un juge. Ensuite, cela suppose que tous ces magistrats soient bien formés à la réalité de la maladie mentale. 
Au départ, il était aussi très choquant qu’on fasse comparaître dans un tribunal, comme n’importe quel autre justiciable, des personnes qui se retrouvent dans une situation de contrainte simplement parce qu’elles sont malades.
Mais ce problème du libre arbitre ne se résume pas à la seule question des soins sans consentement. Il est beaucoup plus large et doit nous amener à nous interroger sur le regard que porte notre société sur la maladie mentale. 
Aujourd’hui, on constate qu’un grand nombre de personnes ne sont pas libres d’exister comme elles le voudraient simplement à cause de la stigmatisation que provoque leur maladie. Nous accompagnons 3 000 personnes par an et nous constatons, tous les jours, que l’on peut vous refuser l’accès à un logement ou à un emploi simplement parce que vous avez eu la franchise de dire que vous êtes schizophrène ou bipolaire. Ou qu’il vous est arrivé, à un moment de votre vie, d’être hospitalisé en psychiatrie.

1res Rencontres Soignantes en Psychiatrie

Nouveau en 2015 !
Dans le cadre de  la  7ème édition du Congrès Français de Psychiatrie, la revue Santé mentale organise pour vous le mercredi 25 novembre les 1res Rencontres Soignantes  en Psychiatrie sur le thème : 
" Comment créer une relation de soin avec le patient schizophrène ? "
 4 grandes tables rondes autour du parcours de soin du patient souffrant de schizophrénie serviront de support aux échanges. 
En 2015, c'est la ville de Lille qui accueille le Congrès Français de Psychiatrie, c'est donc au Grand Palais que nous aurons le plaisir de vous réunir pour ces premières rencontres.  

Les DRH hospitaliers laissent transparaître pour les GHT autant d'inquiétudes que d'opportunités

 - HOSPIMEDIA
En colloque ce 9 avril, l'Adrhess a tenté de clarifier l'impact des groupements hospitaliers de territoire sur la gestion des ressources humaines. Si celle-ci aspire à devenir un point d'ancrage de ces rapprochements, nombre de directeurs craignent que cela ne cache une nouvelle réduction des coûts, jugés incompressibles, de la fonction RH.

Les hôpitaux doivent améliorer leur communication envers les stagiaires et les nouvelles recrues

 - HOSPIMEDIA
Clarifier les carrières et les statuts, prendre soin des stagiaires, travailler ses offres d'emplois, séduire par les outils numériques... Évoquées par la FHF lors ses 9es rencontres de la communication hospitalière, ces pistes doivent permettre aux établissements de santé de mieux recruter et fidéliser les professionnels.
"Être attractif pour les patients comme pour les pros, c’est avant tout être lisible et accessible", a résumé Maxime Cauterman, praticien attaché au CH intercommunal de Créteil et conseiller médical à la FHF, lors des 9esrencontres de la communication hospitalière, organisées ce 9 avril à Paris. Des critères qui s’appliquent également au recrutement des professionnels dans le secteur. "Or quand on voit que le taux de décroché (aux appels téléphoniques) dans certains hôpitaux atteint difficilement 30%, que les hospitaliers ne sont pas présents dans les répertoires en ligne de l’Assurance maladie ou que le premier motif de non adressage des patients à un établissement est l’absence de possibilité de contacter les équipes médicales, on voit l’ampleur du travail à réaliser." Maxime Cauterman formule donc quatre recommandations pour améliorer la communication à usage des établissements recruteurs.

Loi de Santé Les députés s'opposent à la délégation d'actes infirmiers aux professionnels d'ESMS

 - HOSPIMEDIA
Alors que les députés achèvent aujourd'hui la lecture du projet de loi de Santé ce vendredi 10 avril avant de voter le texte en séance publique du 14 avril, Hospimedia fait le point sur les mesures impactant directement le secteur médico-social.
Examiné pour la dernière fois en séance publique avant d'être soumis, mardi 14 avril prochain, au vote des députés, le projet de loi de Santé a fait l'objet de nouvelles modifications. Si les dispositions relatives aux parcours complexes et aux aides techniques pour personnes handicapées ont été validées, les articles relatifs à l'orientation des personnes handicapées d'une part, et à la délégation d'actes d'autre part ont eux été balayés.

dimanche 12 avril 2015

Plaidoyer pour le remboursement des traitements en psychothérapie

QUEBEC ARIANE LACOURSIÈRE 09 avril 2015 
Alors que l'Institut national d'excellence en santé et services sociaux (INESSS) s'apprête à rendre public un important rapport sur la possibilité de rembourser les traitements de psychothérapie au Québec, un regroupement diffuse aujourd'hui un mémoire qui rappelle l'urgence de mettre en place cette mesure.





Le Collectif pour l'accès à la psychothérapie (CAP) indique que près d'une personne sur cinq est atteinte de troubles mentaux au Québec. Mais même si le Commissaire à la santé et au bien-être réclamait dès 2012 que la psychothérapie fasse partie du panier de services des Québécois, il n'en est toujours rien.
«On veut que ces traitements deviennent accessibles pour tous. Selon un régime ressemblant à celui de l'assurance médicaments», résume David Levine, porte-parole du CAP et ancien président de l'Agence de la santé de Montréal.
«Pour toutes ces raisons, le Commissaire estime que rehausser l'accès à la psychothérapie - comme l'ont fait le Royaume-Uni et l'Australie - permettrait de réduire les inégalités d'accès observées, de diminuer le nombre de personnes invalides, de réduire les coûts sociaux et économiques liés aux troubles mentaux et, ainsi, d'améliorer la santé et le bien-être des Québécois.», selon le rapport du Commissaire à la santé et au bien-être.

Hommes et féminisme, la ligne marginaux

YANNICK RIPA

«La libération des femmes sera l’œuvre des femmes elles-mêmes»,affirmait dans la décennie 1970 le bien nommé Mouvement de libération des femmes (MLF), brandissant la sororité en lutte contre le patriarcat, accusé d’inférioriser les femmes, victimes depuis des siècles de la phallocratie. L’entre-soi des militantes exprimait aussi la conviction de l’existence d’une identité commune résultant de la catégorie «femme», au nom de laquelle et pour laquelle elles parlaient. Ce «nous les femmes» a imposé alors la non-mixité ; il était impensable que des hommes puissent œuvrer contre leurs propres camp et pouvoir. Une telle configuration des rapports de sexe ne laissait aucune place à un féminisme masculin, alors qu’en 1967, Féminin Masculin Avenir (FMA) avait été fondé sur le principe que «l’émancipation de la femme intéresse aussi l’homme et ne se fera pas sans lui».
Alban Jacquemart se souvient de l’activisme de ces militants, certes peu nombreux ; il entend restituer non seulement le rôle de tous ceux qui leur emboîtèrent le pas, mais le sens de leur présence, son effet individuel et collectif. Ainsi le sociologue s’attaque-t-il à un pan quasi vierge de l’histoire de l’engagement masculin pour la cause féministe ; il ne s’intéresse ici qu’à ceux qui vont au-delà des sympathies et de bienveillants soutiens passagers, et placent les revendications féministes au cœur de leur militantisme, posture a priori «improbable». Et, pourtant, c’est à un homme, Léon Richer, que l’auteur attribue la naissance même de la première vague féministe qui enfle au cours de la Troisième République. Une telle affirmation fera sans doute débat : on arguera que, d’une part, elle feint d’ignorer les prémisses que posèrent par leurs revendications féministes des révolutionnaires de 1789 ou les prolétaires saint-simoniennes de 1830 et, d’autre part, elle oublie que l’impossibilité d’exprimer sa conscience de genre ne signifie pas qu’elle n’existât pas, même si Richer lui-même reprochait aux femmes de ne pas s’indigner «devant les honteuses servitudes que leur impose la loi».

Les députés diversifient les lieux de stage pour les étudiants paramédicaux

 

Les députés ont adopté le jeudi 9 avril 2015 l'article 29 du projet de loi de santé qui diversifie les lieux de stage pour les étudiants paramédicaux.
etudiant infirmier vaccin guadeloupe
Projet de loi de santé  : diversification des lieux de stage en vue pour les étudiants en soins infirmiers.
L'examen du projet de loi "de modernisation de notre système de santé", débattu en séance publique à l'Assemblée nationale depuis le 31 mars 2015, devrait s'achever vendredi dans la nuit, avec un vote solennel mardi 14 avril.
Les députés ont voté, avec deux modifications, l'article 29 qui diversifie les stages des étudiants paramédicaux, en lien avec le parcours du patient en élargissant les lieux pouvant être agréés comme terrains de stage dans le secteur ambulatoire, explique le gouvernement dans l'exposé des motifs.
Actuellement, le code de la santé publique ne prévoit pas que les étudiants infirmiers puissent réaliser des stages dans des structures d'exercice coordonné (maisons de santé pluri-professionnelles, centres de santé) ou en cabinet libéral. L'article prévoit ainsi que les stages de ces étudiants puissent désormais se réaliser dans des établissements de santé ou médico-sociaux, les structures de soins ambulatoires et les cabinets libéraux agréés pour l'accomplissement des stages. Les étudiants pourront réaliser personnellement des actes dans chaque lieu de stage, sous la responsabilité d'un infirmier diplômé.

Villes intelligentes, le défi de la participation citoyenne

LE MONDE ECONOMIE |  | Par 


"Voyage dans les villes intelligentes : entre datapolis et participolis", de Francis Pisani. Editions Netexplo, mars 2015, 98 pages. Téléchargeable gratuitement sur www.netexplo.org


Qu’y a-t-il de commun entre un gratte-ciel bâti à Londres avec des déchets, une maison flottante tirée des cartons d’une architecte futuriste, un village rwandais saisi par la fièvre du numérique et l’immense cité nouvelle coréenne, Songdo, que ses géniteurs ont truffée d’informatique ? Bienvenue dans les smart cities !

Ces projets ou ces réalisations inventent les contours des « villes intelligentes » que nous habiterons demain. Nul n’y échappera, même si aucun modèle ne s’est encore imposé. L’idée paraît simple : combiner la puissance des nouvelles technologies de l’information avec les modes de gestion, d’organisation, de développement et même de construction des centres urbains, des simples quartiers jusqu’aux mégavilles. En principe, pour le plus grand bénéfice des citadins.

Tapez « smart cities » sur Google et vous aurez une petite idée de la diffusion fulgurante de ce nouveau concept : 83 millions d’occurrences déjà recensées sur ce moteur de recherche ! Les villes se situent au carrefour de trois des bouleversements les plus importants du siècle. La révolution urbaine, d’abord : si plus de la moitié de la population mondiale vit déjà dans des villes, le nombre de citadins aura doublé dans trente-cinq ans.

La Chine, à elle seule, bâtira, chaque année dans les vingt ans qui viennent, l’équivalent d’une ville comme New York. La révolution des technologies de l’information et de la communication (NTIC), ensuite : les grandes villes y investissent désormais massivement dans la perspective d’offrir des services beaucoup plus nombreux, plus efficaces et surtout moins chers à leurs habitants.

Ouargla : le nouvel hôpital psychiatrique figure parmi les structures du futur CHU

ALGERIE 13 Avril 2015


Inauguration du nouvel hôpital psychiatrique d’El-Hadeb, commune de Rouissat (Ouargla)
OUARGLA - Le nouvel hôpital psychiatrique d’El-Hadeb, commune de Rouissat (Ouargla), fera fonction de structure sanitaire universitaire, a affirmé lundi le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf.
"Cet établissement public hospitalier spécialisé dans la psychiatrie fera partie des structures devant constituer le futur centre hospitalo-universitaire (CHU) d’Ouargla, actuellement en construction", a affirmé le ministre, lors de la cérémonie officielle de son inauguration.
M. Boudiaf a annoncé également le renforcement du secteur de la santé dans la wilaya d’Ouargla, par l’ouverture, en septembre prochain au plus tard, d’une "importante structure de santé, à savoir un service de médecine nucléaire, dans le but d’améliorer et de développer les prestations de santé".

« Resynchroniser la vie collective »

LE MONDE CULTURE ET IDEES |  | Propos recueillis par 




Dominique Royoux est professeur associé de géographie à l’université de Poitiers et directeur du service prospective et coopérations territoriales de la communauté d’agglomération Grand Poitiers. Il préside Tempo Territorial, l’association nationale qui regroupe les bureaux des temps des collectivités territoriales.

Pourquoi mettre en place des « politiques temporelles » dans les villes ?

Nous sommes aujourd’hui confrontés à une véritable désynchronisation des temps sociaux. Ce phénomène est apparu au lendemain de la crise de 1973 : l’économie industrielle, qui réglait le travail sur des rythmes très réguliers, a peu à peu fait place à une économie de services, qui a émietté les emplois du temps. Les deux symboles de cette économie de services sont les femmes de ménage et les caissières de supermarché, qui ont des horaires discontinus et décalés. En dissociant les espaces de résidence des espaces de travail et en augmentant les temps de transport, l’étalement urbain, dans les années 1980, a nourri, voire accéléré, ce mouvement de désynchronisation. Les politiques temporelles tentent au contraire d’articuler cette multitude de temps sociaux et de resynchroniser la vie collective.

samedi 11 avril 2015

LES GENS D'À CÔTÉ

Maison des métallos  

Du 7 au 26 avril




Autistes, bipolaires, malades mentaux, handicapés… ils sont là, à côté de nous. À côté plus qu’avec nous, parce que la communication est parfois difficile, parce que notre société est très normée, si peu accueillante à la différence. Pourtant leur regard décalé sur le monde, leur expression comme un mode de survie, leur sensibilité exacerbée, leur imagination imprévisible font de leur « à côté » une mine pour nous, les inclus, qui comprenons de moins en moins notre propre réalité.


vendredi 10 avril 2015

Les maladies psychiques, miroir de l’accélération de la modernité

Le Monde Blogs 

Et si les maladies psychiques étaient un observatoire privilégié pour appréhender les bouleversements qui affectent une époque?
"Le mal du siècle". Cette expression, qui apparaît au tout début du XIXe siècle sous la plume des auteurs romantiques, désigne la mélancolie. Mélancolie qui semble toucher un nombre croissant des contemporains de Chateaubriand, et qui exprime un état de conscience malheureux face aux mutations profondes qui affectent alors les sociétés occidentales, à l'aube de la Première révolution industrielle.
Aujourd'hui, le "mal du siècle" a changé de visage. Il ne s'appelle plus mélancolie, mais dépression. Le geste dramatique et stupéfiant d'Andreas Lubitz, qui pour mettre fin à ses jours précipita les 144 passagers de l'A320 au sol, nous a plongés au cœur des mystères insondables du geste suicidaire, et de sa racine fréquente : l'état dépressif. Les articles sur le sujet ont fleuri, pour rappeler que la dépression est devenue un véritable fléau qui affecterait aujourd'hui 350 millions de personnes dans le monde. Mais pour rappeler aussi que le diagnostic de "dépression" est bien souvent un non diagnostic, qui recouvre des situations dont le degré de gravité peut varier considérablement (voir à ce sujet le documentaire de Michèle Dominici Dépression, une épidémie mondiale?).
La dépression est devenue un paradigme, une manière de regarder et de définir les maux qui affectent la subjectivité contemporaine du XXIe siècle. Avant elle, il y eut la mélancolie puis, dans la seconde moitié du XIXe, l'hystérie et la neurasthénie, personnifiées à travers des patientes célèbres telles qu'Anna O. à Vienne, ou Augustine à la Salpêtrière, auprès de Charcot. Mais ces véritables "épidémies psychiques" qui se succèdent sont avant tout en résonnance avec une époque, au-delà des situations individuelles particulières. Elles sont le catalyseur des angoisses et des espoirs d'une société, et s'enracinent dans les bouleversements, notamment technologiques, qui les façonnent.
Train, cinéma et hystérie
Dans un article intitulé "Train, cinéma et modernité : entre hystérie et hypnose" (Décadrage 6, 2005), Mireille Berton analyse la manière dont, dans la seconde moitié du XIXe siècle, le train, puis le cinéma, ont été associés à l'émergence des nouvelles pathologies psychiques qu'étaient alors la neurasthénie et l'hystérie. A partir des années 1840 en effet, le développement du train bouleverse la géographie mentale des populations, en permettant de parcourir en quelques heures des distances qui nécessitaient jusque là plus d’un jour. Il constitue également une nouvelle expérience sensorielle, particulièrement intense et déstabilisante : la grande vitesse, le paysage qui défile alors que le corps reste immobile, le balancement incessant, sans oublier le risque d'accident qui occupe une large place dans les imaginaires collectifs … sont autant de "chocs" sur des psychismes jusqu'ici préservés des affres de la modernité. Associées à cette accélération de la vitesse et des circulations, l'urbanisation et l'industrialisation développent tout un nouvel univers sensoriel, fait de bruits, de lumière et de mouvement.
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Honoré Daumier - Impressions et Compressions de voyage 

Au point que le corps médical s'inquiète très sérieusement, et tente de prévenir le développement de nouvelles pathologies qu'il pense associées à cette nouvelle condition urbaine et moderne. Mireille Berton cite l'astronome Camille Flammarion, qui en 1900, raille les peurs exprimées par les médecins quelques décennies plus tôt : « En Bavière, le collège royal de Médecine consulté déclara que les chemins de fer causeraient, s’ils étaient réalisés, le plus grand tort à la santé publique, parce qu’un mouvement aussi rapide provoquerait des ébranlements cérébraux chez les voyageurs et des vertiges dans le public extérieur, et recommanda d’enfermer les voies entre deux cloisons en planches à hauteur de vagons (sic). » Camille Flammarion, L’inconnu et les problèmes psychiques, Flammarion, Paris, 1900.

Ouvrez quelques cadavres Une anthropologie médicale du corps mort

 Préface de Yves Coppens

« Ouvrez quelques cadavres : vous verrez aussitôt disparaître l’obscurité que la seule observation n’avait pu dissiper. » Ce conseil, donné par Xavier Bichat en 1801, est-il toujours d’actualité alors que nos sociétés modernes s’interrogent sur le sens à donner au corps mort ?

Exposition de cadavres humains, restitution de restes anatomiques aux peuples premiers, multiplication des études médico-historiques, rénovation complète du musée de l’Homme à Paris, intensification des autopsies judiciaires…, chaque fois se pose la même question : quelle place et quel sens faut-il donner à ces « patients atypiques », ces morts utiles aux vivants ?

Ce regard change-t-il selon le praticien (anthropologue, médecin, biologiste, etc.) ? Est-il influencé par la société du moment ? S’applique-t-il dans les mêmes termes selon l’aspect et le degré de conservation du corps ? Que peuvent nous apporter des moines bénédictins, des étudiants béninois en médecine, un chef de Papouasie Nouvelle-Guinée, une ancienne Kumari népalaise, etc. ? En quoi l’autopsie sert-elle le bien commun ?


«Quelle psychiatrie voulons-nous ?»

Christophe Zoia 11/04/2015



Nicolas Pellizzari et Fabrice Lamarque, deux responsables de la CGT à l'hôpital psychiatrique./ Photo DDM, CZ
Nicolas Pellizzari et Fabrice Lamarque, deux responsables de la CGT à l'hôpital psychiatrique./ Photo DDM, CZ

«Ce n'est malheureusement un changement de directeur qui va changer la situation». Voilà expliqué en quelques mots des dirigeants de la CGT de l'hôpital psychiatrique d'Auch le contenu de leur conférence de presse d'hier.
Nicolas Pellizzari, secrétaire du syndicat sur l'établissement, et Fabrice Lamarque, son adjoint, déclarent : «Depuis l'arrivée du nouveau directeur, au début de l'année, il y a eu des signes d'apaisement notables.» Concrètement, 12 salariés «précaires» ont été stagiérisés, autrement dit intégrés à la fonction publique. «C'était l'une de nos revendications importantes, souligne M.Lamarque. Et ça reste une problématique dans l'établissement, même après cette mesure.» Par ailleurs, «la distribution des primes se fait de façon équitable.»

Andreas Lubitz : le déni psychiatrique des médias

TRIBUNE
Le drame d’Andreas Lubitz, dans le crash de la Germanwings, a autorisé dans les médias les mêmes platitudes que lors d’autres tueries d’origine psychiatrique. On lit, ou on entend, à chaque fois, «on ne comprend pas ses motivations» ; comme pour d’autres criminels, on dit «son entourage ne comprend pas, il était calme bien élevé, très gentil, peut-être un peu renfermé» ; «avait-il des problèmes psychologiques, professionnels, affectifs?». A toutes ces questions banalisantes manque une réponse claire et précise : il s’agit de graves problèmes psychiatriques et non de motivations qu’«on pourrait ne pas comprendre». Assassiner 149 personnes innocentes, en se suicidant, hors contexte de guerre, est forcément un acte délirant, une folie meurtrière. L’absence des mots «psychose», «délire», «folie», «psychiatrie» dans le discours général est peut-être le résultat d’abus d’une psychiatrie ancestrale dramatiquement coercitive et violente ; cela a peut-être permis l’accès de personnes en souffrance à une psychiatrie plus douce et plus humaine (que l’apparition de la psychanalyse a autorisé), mais cela a conduit aussi à l’aplatissement du discours général sur la maladie mentale.
Ces mots, qui sont devenus tabous, doivent pourtant être utilisés afin de ne pas tomber dans une simplification grossière qui empêche une analyse précise des faits. La psychose, c’est la confusion entre un imaginaire personnel et la réalité : se sentir persécuté, ce n’est pas l’être. La dépression et le suicide du sujet âgé ou du malade en phase terminale ne sont pas ceux de l’angoissé, du schizophrène, ni ceux du psychotique mélancolique délirant. On ne peut pas nommer pareillement ces «dépressions suicidaires» fondamentalement différentes.
Ce discours général, aseptisé et simplificateur, remplaçant les mots «psychose» par «problèmes psychologiques» ou «grave dépression» a permis de dédiaboliser les maladies mentales auprès du grand public mais a conduit à rendre la folie taboue. Certes, les sujets sains, en souffrance psychique, ont pu plus facilement en parler et demander de l’aide, mais ce sont les malades graves qui ont été négligés.

IVG : un gouvernement volontaire pour les femmes

LAURE EQUY ET VIRGINIE BALLET

Voilà que la droite s’érige en garante scrupuleuse de l’esprit de la loi Veil. Oser amender le texte reviendrait à bouleverser le subtil équilibre trouvé par la ministre de la Santé de Giscard, ont averti les députés UMP, qui sont montés au créneau, dans la nuit de mercredi à jeudi, pour s’opposer à la suppression du délai de réflexion que la loi Veil imposait pour toute interruption volontaire de grossesse (IVG). Quarante ans après, la gauche, considère, elle, que le texte n’est pas gravé dans le marbre. «La loi de 1975 résulte d’un équilibre qui n’a pas vocation à être figé pour l’éternité. La société a évolué», a défendu la ministre de la Santé, Marisol Touraine, à l’Assemblée. Y revenir peut améliorer l’accès des femmes à ce droit.

Dans un lycée rural, des clichés très enracinés

ALICE GÉRAUD (ENVOYÉE SPÉCIALE À SAVY-BERLETTE)

Au lycée agricole de Savy-Berlette, à une quinzaine de kilomètres d’Arras dans la plate campagne du Pas-de-Calais, il y a «du racisme comme partout», dit le directeur de cet établissement d’enseignement professionnel privé. Pas vraiment de problèmes, de dérapages ou d’altercations. «On est dans le milieu agricole, c’est plutôt calme», explique Jean Marcy. Ici, les élèves se ressemblent. Ce sont des garçons, uniquement, fils d’agriculteurs de la région pour la plupart. Et blancs. «Il n’empêche, le racisme, ici, cela peut commencer avec un roux à lunettes, alors on est vigilants», dit encore le directeur. Il y a quelques semaines, cet établissement recevait les médiateurs de CoExist, une méthode assez originale de lutte contre le racisme et l’antisémitisme mise au point il y a plus de dix ans par deux psychologues, Joëlle Bordet et Judith Cohen-Solal, et portée sur le terrain par l’UEJF, SOS Racisme et la Fabrique, un réseau d’étudiants. Le but : faire réfléchir les élèves de façon très libre sur leurs préjugés racistes, homophobes, antisémites, sexistes… Le principe : les élèves sont invités à écrire des «mots associés» à une liste de termes qui leur sont présentés, puis à en discuter avec les médiateurs. «A partir du moment où l’on ouvre le sujet du préjugé, on s’aperçoit qu’il commence à tomber», explique Judith Cohen-Solal.