par Dov Alfon publié le 18 février 2024
Ah les vacances scolaires, période de l’année où monter à bord d’un train avec un enfant en bas âge ressemble diablement à un défi de téléréalité. Essuyant les regards courroucés des voyageurs, les parents entrant dans le compartiment bondé savent bien que leur échec est acquis d’avance, et que seule la loi empêche (mais pour combien de temps encore ?) leur exclusion sociale par un vote secret de la tribu. Notre enquête sur ces lieux en pleine tension démontre que partager l’espace public avec des enfants met aujourd’hui à l’épreuve non seulement la patience du collectif, mais aussi l’ensemble de l’ordre social. Les parents ont naturellement la responsabilité non seulement de s’occuper de leurs enfants, mais aussi de s’assurer qu’ils ne constituent pas une nuisance pour les autres : vos enfants sont votre problème, c’est évident.
Tellement évident que c’est aussi complètement faux. Dans les cinémas, les trains, les avions, les restaurants et autres espaces partagés, force est de constater que les enfants de chacun sont le problème de tout le monde. Acculés à la nécessité de s’assurer que leurs enfants ne dérangent personne, les parents en fait ne peuvent pas faire grand-chose, et leurs enfants vont donc se comporter comme des enfants. On objectera sans doute que «dans le temps», les enfants étaient moins gâtés. Le New York Times alertait d’ailleurs que les enfants d’aujourd’hui sont devenus une nuisance dans les avions à cause de leur indiscipline, dans un article nostalgique de l’éducation d’antan publié… en 1956.
Quant à nos confrères du Figaro, leur éditorial remarquait avec justesse en première page : «Il semble que les enfants soient des gêneurs dans notre société et dans notre Etat.» On serait tenté d’accuser les parents d’aujourd’hui d’être trop mous, si cette chronique n’avait été publiée en février 1938. Dans Libé de 2024, on observe que le changement qui est intervenu est en fait l’exact contraire : ce sont les adultes d’aujourd’hui qui supportent de moins en moins les enfants dans l’espace public. Nous offrons quelques pistes pour une meilleure coexistence, même si votre prochain voyage ne sera sans doute pas de tout repos.
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