Voir la photo de l’être aimé active des régions cérébrales riches en dopamine, un exemple parmi d’autres des effets de l’amour sur les circuits neuronaux qu’étudient les scientifiques, raconte la chercheuse en psychologie Sylvie Chokron, dans sa carte blanche au « Monde ».
Etre amoureux repose sur des processus complexes comme la confiance, la croyance, le plaisir ou encore la récompense. Cet état particulier s’accompagne donc non seulement de l’activation d’un grand nombre d’aires cérébrales, mais également d’une véritable tempête chimique avec la mise en jeu de l’ocytocine, l’hormone de l’attachement, de la vasopressine, engagée, elle, dans la fidélité, de la dopamine, impliquée dans le plaisir, et de la sérotonine, associée au sentiment de bonheur. Alors que nous avons l’impression que notre cœur bat la chamade lorsque nous sommes transpercés par les flèches de Cupidon, c’est en réalité notre cerveau qui est en ébullition !
Pour Tobias Esch, de l’université de Witten, en Allemagne, et George Stefano, de Charles University, à Prague, l’évolution aurait sélectionné positivement les mécanismes biologiques qui aident à faire face au stress. Ces chercheurs considèrent ainsi que, si l’amour permet de se reproduire, il permet également de transmettre à sa descendance une valeur très importante : aimer pour pouvoir résister aux attaques et survivre. C’est donc par le biais de l’amour et du plaisir que nous serions à même de rendre nos prochains plus résistants aux aléas de la vie. Mais, selon eux, l’amour aurait encore bien d’autres effets bénéfiques, comme promouvoir une bonne santé physique et nous aider à combattre les maladies. Aimer, sous toutes ses formes, serait donc le garant de notre santé, mais l’amour pourrait avoir d’autres vertus, plus cognitives cette fois.
Qui dit motivation dit efficacité
Ainsi, Arthur Aron, de l’université d’Etat de New York, et ses collègues américains ont présenté à dix femmes et sept hommes amoureux la photo de l’élu(e) de leur cœur ou d’une personne familière pendant qu’ils enregistraient leur activité cérébrale. Ces chercheurs ont observé que la présentation de l’amoureux(se) active des régions cérébrales riches en dopamine, associées à la récompense et à la motivation chez les mammifères, à savoir le mésencéphale ventral droit et le noyau caudé droit.
Mais qui dit motivation dit également efficacité… On le sait, notre attention, notre mémoire, notre raisonnement sont d’autant plus efficients que nous sommes motivés. En effet, Rafael Wlodarski et Robin Dunbar, d’Oxford, ont demandé à 91 participants ayant déclaré être « profondément amoureux » d’évaluer le contenu émotionnel de visages immédiatement après la présentation de l’image et du nom de l’être aimé ou d’un simple ami. Les résultats montrent que les sujets sont significativement plus aptes à interpréter les états émotionnels d’un visage inconnu juste après avoir perçu la photo de leur amoureux(se).
Dans le même ordre d’idées, Francesco Bianchi-Demicheli, de l’université de Genève, et ses collègues ont, quant à eux, montré dans deux études successives que si l’on présente, même de manière subliminale, c’est-à-dire au-dessous du seuil de conscience, le nom d’une personne aimée pendant une tâche où le sujet doit dire si ce qui s’affiche à l’écran est un mot ou un non-mot (juste une suite de lettres), les performances sont significativement améliorées par la lecture, même non consciente, au préalable, du nom de la personne aimée. Alors, qui a dit que l’amour rendait bête ?
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