par Florian Bardou publié le 2 mars 2023
Qui reçoit régulièrement les sollicitations numériques de ses proches (parents, amis, amants, collègues) via WhatsApp connaît ce sentiment de ras-le-bol qui conduit généralement à laisser s’accumuler les notifications non lues sur l’écran de son téléphone. Cette profusion de messages agrémentés de photos, vidéos, gifs et autres stickers, a d’ailleurs conduit mi-janvier un père américain à quitter le groupe familial où ses deux filles et sa femme échangeaient à foison, «démission» rendue virale par une capture d’écran de ses adieux numériques vue quasiment 15 millions de fois. Si l’affaire a pris de telles envergures, c’est qu’elle serait symptomatique de la «pression» exercée par l’application en raison de l’injonction implicite à devoir répondre (dans la demi-heure) et maintenir une conversation quoi qu’il en coûte.
Propriété de Meta (ex-Facebook), WhatsApp – plus de 2 milliards d’utilisateurs actifs dans le monde, quelques casseroles sur des failles de sécurité et le partage de données avec la maison mère, mais surtout des heures perdues à répondre à des messages secondaires par une litanie d’émojis – serait donc l’ennemi de notre droit le plus sain(t) à la déconnexion. A moins que l’enfer n’en soit pas totalement un ? C’est en tout cas ce que vient nuancer une étude de l’Ifop réalisée en février auprès de 1 000 adultes français sur les usages de l’application la plus téléchargée en France l’an passé, à la demande du comparateur d’abonnement internet et mobile Lemon. Dévoilés ce jeudi, les résultats indiquent en effet que cette messagerie lancée en 2009 est régulièrement utilisée par une large majorité de Français (autour de 31 millions d’utilisateurs actifs, notamment des cadres ou des jeunes de moins de 30 ans), qui sont aussi pour la plupart satisfaits de leur appartenance à une conversation groupée – quitte à ressentir de la frustration lorsqu’ils n’en font pas partie.
Un tiers des Français membres d’au moins cinq groupes
Dans le détail, les utilisateurs hexagonaux font quasiment tous partie (91%) d’au moins un groupe WhatsApp, généralement familial, amical ou professionnel ; un tiers (33%) sont d’ailleurs membres d’au moins cinq boucles quand 16% appartiennent à au moins dix conversations de ce type. Ce sont, dans ce cas, majoritairement des dirigeants d’entreprises ou des trentenaires. En moyenne, les Français friands de cette application font donc partie de 4,6 groupes, appartenances qui peuvent conduire à quelques désagréments, selon le sondage.
Citons : «se sentir obligé de répondre» (51%), «être dérangé par le nombre de messages» (58%), louper des informations importantes à cause de ce trop-plein (49%) ou être énervé dans devant une conversation entre deux personnes qui vire au pugilat numérique (45%). Conséquences : ils sont près de deux tiers à avoir déjà mis les notifications en sourdine pour éviter d’être dérangés. Malgré ces désagréments, et c’est tout le paradoxe, plus d’un utilisateur sur quatre (28%), soit à la louche 8 millions de «whatsappeurs» français, aurait néanmoins du mal à se passer de l’application dans leur vie sociale. Preuve que la messagerie est à la fois devenue incontournable pour interagir tout en étant source d’irritation ou d’inconfort. Tout est donc dans le dosage des usages pour ne pas se laisser happer par le flot conversationnel, par exemple en supprimant les notifications ou en choisissant de répondre quand on le désire à un message qui n’a rien d’urgent sans culpabiliser.
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