Par Catherine Pacary Publié le 22 septembre 2022
La série de Paul Frère, produite par l’équipe d’« Intouchables », revient sur les neuf établissements qui emploient 90 salariés atteints de handicap mental ou cognitif.
CANAL+ – JEUDI 22 SEPTEMBRE À 23 HEURES – SÉRIE DOCUMENTAIRE
On connaissait les « gentils organisateurs » (GO), ces employés du Club Med qui ont symbolisé l’émergence de la société des loisirs ; on souhaite la même notoriété aux « équipiers joyeux », ces 90 salariés atteints de handicap mental ou cognitif qui font tourner les neuf Cafés joyeux, ouverts notamment à Rennes, Paris, Bordeaux, Lyon et Lisbonne.
Leur histoire, L’Epopée joyeuse, est diffusée à partir de ce soir dans la collection « Les éclaireurs ». Un plaisir revigorant, à savourer par petites gorgées, qui se révèle, au fil des quatre épisodes, emblématique de notre société en mutation.
Ici, la rentabilité n’est pas un gros mot. Le fondateur des Cafés joyeux, Yann Bucaille-Lanrezac, la revendique afin d’encourager l’embauche de salariés autistes ou atteints de trisomie 21 (premier épisode). Mais il s’agit d’une rentabilité différente : l’objectif n’est pas de verser des dividendes, mais d’inclure.
Les séquences, nombreuses, sont précédées d’une indication de date et de lieu, ce qui permet une certaine souplesse chronologique. Ainsi, si le premier Café joyeux a ouvert à Rennes en 2017, la série commence par les images de l’inauguration, le 21 mars 2018, de celui implanté près de l’Opéra, à Paris, en présence d’invités prestigieux, tels le couple Macron, le chef étoilé Thierry Marx, le comédien Samuel Le Bihan, père d’une petite fille autiste. Avant de consacrer une large partie aux entretiens d’embauche qui ont précédé, en février 2020.
« Un CDI, c’est incroyable »
Au milieu des sourires – toujours – apparaît alors la criante nécessité d’une telle initiative. Car si les structures spécialisées existent pour les jeunes, les adultes handicapés se trouvent souvent sans solutions après 23 ans. C’est le cas d’Augustin, qui supportait très mal sa vie en foyer et va être embauché en contrat à durée indéterminée. « Un CDI, c’est incroyable », commente Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées (de 2017 à 2022) et intervenante récurrente.
Le rapport au temps aussi est différent. Certaines scènes laissent le temps d’observer une vue ou de s’imprégner d’une ambiance. « Je suis plus heureux au travail qu’à la maison », explique ainsi, en épluchant des légumes, Louis Declercq, équipier joyeux. Le téléspectateur va tous les retrouver dans l’épisode 2, qui commence par une séance de photos particulièrement réussie.
« Le sourire, toujours ! », lance Yann Bucaille-Lanrezac. Même quand il faut fermer, pour cause de confinement. Les caméras n’abandonnent pas les équipiers joyeux pendant cette période très difficile. Une pause forcée mise à profit par le fondateur pour s’expliquer, dans l’épisode 3, sur son choix de devenir entrepreneur social et solidaire. On comprend mieux alors son sens de la communication et ses relations – la série est produite par le trio Eric Toledano, Olivier Nakache et Nicolas Duval Adassovsky (Intouchables, 2011)
Les difficultés ne sont pas éludées. Certaines, financières, sont rudes, mais compréhensibles. D’autres moins, comme l’opposition d’une copropriété à l’ouverture d’un Café joyeux à Bordeaux. Mais les équipes tiennent le cap.
L’épisode 4 se projette dans l’avenir, à Lisbonne, New York… En France, sur les 750 000 personnes atteintes de handicap mental, seuls 0,5 % travaillent en milieu ordinaire, dont 90 dans un Café joyeux. Une goutte d’eau porteuse d’espoir.
L’Epopée joyeuse, de Paul Frère (Fr., 2022, 4 x 40 min). « Les éclaireurs » sur Canal+.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire