Bonjour,
En prenant le train pour rentrer chez moi, l’autre soir, j’ai eu une petite altercation, de ces adversités du quotidien sur lesquelles on devrait pouvoir glisser mais qui impriment durablement leur venin en nous, tel le dard d’une guêpe qui continue de produire ses effets après qu’on l’a retiré de notre corps… Le train étant bondé, j’avais dû me faufiler à travers le wagon avant de trouver la dernière place assise libre. En m’asseyant, je remarque, face à moi, un couple de jeune gens, la vingtaine, tenue décontractée : elle, dont je ne perçois pas bien le visage derrière son masque et ses long cheveux châtains, lui, plutôt grand, traits fins, cheveux attachés en queue de cheval. Ils somnolent, main dans la main. Tout allait bien hormis la promiscuité et l’air un peu suffoquant de cet espace confiné. Et c’est seulement après avoir pris mes aises que je remarque chez mon voisin d’en face un détail qui m’avait échappé et que je ne manque pas de lui signaler.
— Pas de masque ?, lui demandai-je, en le regardant d’un air interrogatif et en désignant celui que je portais moi-même.
— Non, pas de masque !, me répond-il, affirmatif et souriant, sans explication ni gêne aucune.
— Vous savez que ce n’est pas optionnel, lui dis-je – même si je n’ai pas l’habitude de jouer les contrôleurs ou les délateurs, dans un espace comme celui-ci, alors que la pandémie connaît un violent rebond, il me semble que le respect de cette consigne s’impose à tous les adultes, sans exception.
— Je n’en ai rien à faire, me répond-il.
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