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samedi 11 décembre 2021

Fake psychiatrie. Ou la comédie gorafique

Mathieu Bellahsen

Mathieu Bellahsen   10 DÉC. 2021


A Brive la Gaillarde la direction de l’hôpital et les médecins chefs font joujou pour le bon plaisir des petitesses de la haute autorité de santé et de ses procédures de certification. Des comédiens se sont faits passer pour des patients. Comédie « gorafique » illustrant les mutations profondes d’où se légitime la fake psychiatrie.


A Brive la Gaillarde, la direction de l’hôpital et les médecins-chefs font joujou pour le bon plaisir des petitesses de la haute autorité de santé et de ses procédures de certification. Pendant plusieurs jours, des comédiens se sont faits passer pour des patients dans les différentes structures de soin psychiatriques liées à cet hôpital. Rien de tel qu’un crash test pour savoir jusqu’où peut-on se permettre d’aller loin dans le règne de la perversion généralisée. Comédie « gorafique » illustrant les mutations profondes d’où se légitime la fake psychiatrie.

Patient traceur, patient trashé

Revenons sur le contexte de la comédie, celui des procédures de certification dans les hôpitaux. Pour avoir son agrément et la totalité de son financement, les établissements de santé doivent être « certifiés ». Les certifications successives (dénommées auparavant accréditations) ont pour but de mettre en conformité une grille de critères édictés par la haute autorité de santé et les pratiques supposées « réelles » des établissements. Les normes iso de l’industrie ont été transposées aux soins pour le plus grand bonheur des lean managers. La place des certifications n’a fait qu’évoluer pour prendre toujours plus de temps aux soignants et de ressources aux hôpitaux. Les bullshits jobs se sont développés de façon incontrôlée - ingénieurs qualité, techniciens qualité et autres qualitologues - reconfigurant ce que les tutelles attendent des établissements de soin et ce que ces derniers imaginent de leurs missions centrales. L’activité de soigner est désormais moins importante que l’activité de tracer et de coder. Tracer les procédures de soins plutôt que de soigner. Coder les actes plutôt que de les faire et de les penser. Les établisssements devraient d’ailleurs être renommée « établissement de codés" ou "établissement de tracés". Rien de santé dans tout cela.

Si le « contact tracing » est devenu à la mode avec le covid, depuis la certification "V3" (V3 comme... Comme troisième version bien sûr) nous avions déjà le droit au « patient traceur ». Cette modalité « d’évaluation de la qualité des soins » questionne en direct le patient sur son parcours de soin, sur les informations qu’on lui a transmises, sur la recherche de son consentement et autres indicateurs. Cela permet ensuite de confronter ce qui est dit à ce qui est tracé dans les logiciels informatiques du dossier patient. Tous les établissements font maintenant « des patients traceurs ». Cette comédie dure depuis longtemps. Demander l'avis du patient pour fliquer les soignants oui. Demander l'avis du patient pour respecter ses droits et ses libertés fondamentales... Il ne faudrait tout de même pas exagérer.

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