Par Iris Derœux Publié le 29 novembre 2021
Etats anxieux et dépressifs, recours aux antidépresseurs, hospitalisations pour tentative de suicide… Différents indicateurs restent au rouge depuis le début de la pandémie.
Les données s’empilent et se recoupent : la santé mentale des Françaises et des Français s’est détériorée avec la crise sanitaire. Un an et demi après le premier confinement, on ne constate pas de retour aux niveaux connus avant la pandémie.
Le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), publié le 23 novembre par l’agence Santé publique France (SPF), est consacré aux états anxieux et dépressifs des actifs qui demeurent à des niveaux élevés tout au long de l’année 2020. Les auteurs de ce focus redoutent que la santé mentale fragilisée des Français devienne un « problème de santé publique ».
Mais comment mesurer la santé psychique des Français alors que les troubles sont de nature et d’intensité variables et que toute dégradation de celle-ci ne mène pas forcément à une consultation ou à la prescription de soins ou de médicaments ? De nombreuses études, sur des populations et avec des méthodes différentes, tentent d’éclairer l’ampleur de cet enjeu de santé publique. « Chaque méthode d’analyse ayant ses limites, il est important de compiler et croiser le maximum d’indicateurs », note Maria Melchior, épidémiologiste à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et spécialiste de la santé mentale. Nous en avons choisi cinq différents, dont les conclusions se rejoignent : la santé mentale des Français s’est dégradée depuis que le Covid-19 a bouleversé nos vies.
Les études de perception de la santé mentale en population générale
L’étude Coviprev initiée par l’agence sanitaire Santé publique France a précisément pour but de suivre l’évolution des comportements et de la santé mentale des Français pendant l’épidémie de Covid-19. Elle fonctionne par questionnaires autoadministrés envoyés de façon régulière depuis mars 2020 à des échantillons différents de 2 000 personnes de plus de 18 ans en France métropolitaine.
Si la taille de l’échantillon est moyenne, le niveau de détails permet aux personnes interrogées de décrire de manière assez fine leur état de santé, explique le Dr Melchior. « Il s’agit, par exemple, de répondre précisément à des questions sur la qualité du sommeil, de l’appétit, le niveau de motivation à effectuer des tâches quotidiennes. » Les chercheurs peuvent ensuite évaluer les troubles anxieux et dépressifs de certains répondants.
16 % des personnes interrogées montrent des signes d’un état dépressif
Les derniers résultats publiés, portant sur septembre et octobre 2021, sont dans la lignée des données déjà rassemblées les mois précédents : 16 % des personnes interrogées montrent des signes d’un état dépressif, ce qui correspond à un « niveau élevé », affirme SPF, supérieur de six points au niveau hors épidémie. Ils sont aussi 26 % à montrer des signes d’un état anxieux, un taux supérieur de douze points au niveau hors épidémie. Pendant la période observée, 70 % des répondants déclarent avoir rencontré des problèmes de sommeil au cours des huit derniers jours, soit 20 points de plus par rapport au niveau hors épidémie, et 10 % affirment avoir eu des pensées suicidaires au cours de l’année, ce qui représente également un niveau élevé.
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