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mardi 30 novembre 2021

De la matière grise pour voir la vie en rose


 



Publié le 01 décembre 2021

Plusieurs études montrent que multiplier les travaux intellectuels sur des sujets positifs donne non seulement le moral mais aussi une meilleure santé. Ça se passe dans la tête, quelque part dans le cerveau.

Carte blanche. Nous n’arrivons pas toujours à envisager l’avenir sous son meilleur jour, surtout depuis la pandémie de Covid. Pourtant, de nombreuses études montrent que nous aurions tout intérêt à être plus optimistes. En effet, les optimistes feraient l’expérience d’affects plus positifs, d’un bien-être plus important et seraient plus résilients face à des événements négatifs. Ce n’est pas tout : ils jouiraient également d’une meilleure santé, d’une plus grande longévité, et se remettraient même plus facilement d’une intervention chirurgicale !

Voilà de quoi rendre les optimistes encore plus optimistes. Mais naît-on optimiste ou, à défaut, peut-on le devenir ? C’est la question que se sont posée plusieurs chercheurs ces vingt dernières années. Ainsi Gian Vittorio Caprara, de l’Université du Mississippi du Sud, et ses collègues italiens de l’université de la Sapienza, à Rome, ont utilisé la méthode des jumeaux pour distinguer les effets génétiques des effets environnementaux sur l’estime de soi, la satisfaction dans la vie et l’optimisme. Pour cela, ils ont inclus dans leur étude 428 paires de jumeaux hommes et femmes. Leurs résultats montrent que, si l’estime de soi et le sentiment d’une vie épanouie semblent dépendre des mêmes gènes, l’optimisme semble lui moins déterminé génétiquement et plus dépendant des conditions environnementales et de nos expériences.

Moins de maladies

C’est peut-être une bonne nouvelle ! Si tout n’est pas déterminé génétiquement, pourrions-nous apprendre à devenir plus optimistes ? C’est le défi que s’est lancé Laura King, de l’Université Méthodiste du Sud, à Dallas, en demandant à des participants d’écrire pendant vingt minutes, quatre jours d’affilée, sur l’événement le plus traumatisant de leur vie, sur ce qui pourrait leur arriver de mieux, sur ces deux thèmes ou sur un événement – dit « contrôle » – n’impliquant aucune émotion. L’humeur des participants était mesurée avant et après cet exercice, et les données médicales des sujets étaient collectées avec leur accord.

Trois semaines plus tard, des données sur le bien-être ressortait qu’écrire sur un avenir positif était moins stressant qu’écrire sur un traumatisme, et était associé de manière significative à une sensation subjective de bien-être, comme on pouvait s’y attendre. Mais le fait le plus intéressant réside peut-être dans ce qui s’est passé pendant les cinq mois suivants… A savoir une réduction significative des maladies uniquement chez les sujets qui avaient écrit sur leur vécu, que ce soit sur un trauma ou sur leur meilleur avenir possible, et non chez ceux de la condition « contrôle ».

Dans une troisième expérience, Madelon Peters et ses collègues du département de psychologie clinique de l’Université de Maastricht ont obtenu les mêmes résultats, mais cette fois-ci en ne comparant que la situation d’écriture sur un avenir radieux et celle sur un sujet non émotionnel.

On peut donc apprendre à être plus optimiste et en bénéficier même sur le plan physique ! Mais où cela se passe-t-il dans notre cerveau ? Han Lai, de l’Université de Chengdu, en Chine, et ses collègues hongkongais se sont intéressés aux corrélats neuro-anatomiques de l’optimisme chez 231 étudiants âgés de 16 à 20 ans. Ils ont ainsi découvert que l’optimisme était lié à la densité de matière grise d’un petit noyau dans chaque hémisphère cérébral : le putamen. Ce noyau est impliqué dans nos mouvements, nos comportements et dans l’apprentissage, mais très certainement aussi dans nos émotions puisqu’il est intimement lié à une autre structure : le noyau accumbens qui participe à notre sentiment de bonheur. Voilà de quoi réconcilier la psychologie positive et les neurosciences qui s’accorderont sur une mesure à prendre en urgence : s’entraîner à envisager un avenir radieux pour stimuler notre putamen, développer sa matière grise et apprendre ainsi à voir la vie en rose !


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