Le 21 novembre 2021
Experte judiciaire depuis plus de dix ans, Isabelle Teillet vient d’écrire un courrier au ministre de la Justice pour dénoncer les conditions d’exercice des experts psychiatres.
En sa qualité d’experte auprès de la cour d’appel de Paris, Isabelle Teillet a suivi de nombreux dossiers médiatiques comme celui d’Ines Madani, la terroriste de l’attentat raté de Notre-Dame. Elle alerte sur les conditions toujours plus difficiles dans lesquels les psychiatres doivent préparer leurs expertises judiciaires, qui demandent « un travail fouillé, rigoureux » de plusieurs jours mais sont payées « un peu plus de 300 euros »…
En quoi consiste une expertise judiciaire ?
ISABELLE TEILLET. Il y a les expertises dites de réquisition pendant une garde à vue. Elles durent peu de temps, devant être rédigées au commissariat. La première question étant de savoir si le sujet est en état de rester en garde à vue ou s’il présente une pathologie mentale qui l’en exclue. Nous répondons aussi à la question de la responsabilité et parfois même de la dangerosité du mis en cause. Après, il y a surtout les rapports que l’on nous demande dans le cadre d’enquêtes afin d’aider, d’éclairer la justice, sur la personnalité du mis en cause et sur les motifs de son passage à l’acte. Et rémunérées au même titre que les expertises de réquisition. On lit les pièces du dossier constitué parfois de plusieurs milliers de pages. Puis on rencontre le sujet, cela peut prendre une dizaine d’heures parfois et, pour ma part, trois jours de parloir. Il importe de se plonger dans la biographie du sujet pour comprendre les soubassements de la personnalité. On a une telle responsabilité… Elle doit être étayée par un travail fouillé, rigoureux. Ensuite, on rend notre rapport de plusieurs dizaines de pages. Cela peut nous prendre plusieurs jours pour analyser, réfléchir et rédiger.
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