LE 01/04/2021
À retrouver dans l'émission
LE COURS DE L'HISTOIRE
par Xavier Mauduit
Quotidiennement, des émissions radiophoniques réunissent les fidèles amateurs de rigolade, mais parfois le rire s’impose de lui-même. Comment le comique contestataire et transgressif s’est-il fait entendre sur les antennes ? Existe-t-il un humour spécifiquement radiophonique ?
Le 1er janvier 1955, Louis Merlin lance la radio Europe N°1. Il met en place un "Petit manuel du parfait M.J.", comprendre meneur de jeu : "Le meneur de jeu est un soleil. Le speaker est une lune. Le speaker est un monsieur en col raide à coins cassés qui s’adresse à des auditeurs en corps de chemise. C’est pour cela que ces derniers ne se sentent pas à l’aise avec lui. Le meneur de jeu s’assied à la table de l’auditeur, sur le bras du fauteuil de l’auditrice (ce qu’il ne veut pas dire qu’il soit débraillé ou discret). Il est "l’ami de la maison". Le speaker s’adresse d’une voix puissante à ses "chers-z-auditeurs". Le meneur de jeu parle à l’oreille de ses confidents. Le speaker s’écouter parler, le meneur de jeu se fait écouter". Le Tribunal des flagrants délires, Signé Furax, ou encore Les Grosses têtes, l’humour est consubstantiel de l’histoire radiophonique : quand le rire s’empare de la radio, les ondes se gondolent ! (Xavier Mauduit)
La radio s’impose comme un média de masse dès l’entre-deux-guerres. Les présentateurs et autres animateurs y délivrent des informations concernant la météo, la bourse ou l’actualité, alors que le reste de l’antenne est dédiée aux causeries et aux pièces radiophoniques. La présence de l’humour est résiduelle et elle se résume bien souvent aux performances fantaisistes des chansonniers ou à quelques feuilletons comiques signés Pierre Dac. Au cours des décennies suivantes, les progrès technologiques de la radiodiffusion permettent aux animateurs de se défaire d’une diction très lente et d’une articulation exagérée. Le ton est plus léger, la voix plus chaude, et la connivence avec l’auditeur devient une composante essentielle du son radiophonique. En Mai 68, avec la libération des mœurs et l’essor d’une culture jeune, l’humour entre de plain-pied sur les ondes. Les humoristes comme Coluche, Thierry le Luron ou Pierre Desproges deviennent des vedettes populaires. L’humour se fait plus insolent, plus spontané, sans pour autant renoncer à une certaine écriture dans les sketchs.
Le début des années 1980 marque aussi l’apparition des radios libres. Des stations comme Carbone 14 privilégient l’esprit de bande et les animateurs osent un humour libertaire, transgressif, qui ne s’interdit aucune thématique. Le rire devient un élément central de la culture radiophonique, les interventions des humoristes-vedettes et de leurs bandes marquent un rendez-vous quotidien immanquable pour des millions d’auditeurs. Comment le rire s’est-il peu à peu imposé comme une composante majeure du son radiophonique ? L’humour des ondes est-il plus transgressif que les autres formes de rire médiatique ?
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