par Elsa Maudet et photos Denis Allard publié le 1er avril 2021
En prévision d’une nouvelle fermeture des structures d’accueil de la petite enfance, les parents réfléchissent à l’organisation idéale. Petit tour d’horizon à Argenteuil, dans le Val-d’Oise, entre chômage partiel et cure de vitamines.
Grâce aurait aimé un poil plus d’anticipation. «Je comprends qu’il faille faire un effort, mais on aurait voulu être averti avant. On est un peu pris de court pour s’organiser», juge cette assistante export, maman d’un petit garçon de 2 ans et demi, accueilli en crèche à Argenteuil (Val-d’Oise). Comme tout le monde, cette trentenaire a appris mercredi soir de la bouche d’Emmanuel Macron que les crèches allaient fermer pour trois semaines, en même temps que les établissements scolaires. Pour gérer ce changement de programme, elle compte avancer ses vacances et faire «un peu de chômage partiel».
Et se demande bien comment elle va réussir à occuper le petit David. «J’angoisse. A la crèche, ils ont un professionnalisme. Le fait d’être avec d’autres enfants, ça l’occupe. Seul avec moi, j’ai peur qu’il s’ennuie, confie-t-elle. J’ai peur d’être tentée de le mettre devant les écrans, de céder. Mais il faut être forte !»
Devant la crèche Les Aquarelles, les Argenteuillaises – les rares papas croisés n’avaient pas le temps de nous parler – relativisent. «Si on ferme pour que ça aille mieux, pourquoi pas. Espérons que c’est la dernière fois», souhaite Mariam, 31 ans et maman d’une petite fille de 2 ans et demi. Cette gestionnaire va demander le chômage partiel, car «on ne peut pas et fermer les crèches, et aller travailler», constate-t-elle, heureuse de n’avoir qu’un enfant dans un contexte pareil.
«On va prendre des vitamines !»
Samia lâche en riant : «On va prendre des vitamines !» Cette assistante administrative de 40 ans et mère de deux enfants de 3 et 4 ans réfléchit à poser une semaine de congé. Mais devra quoi qu’il arrive télétravailler tout en s’occupant de ses enfants, en tout cas durant les moments où le papa, intérimaire, sera au boulot. «A cet âge, ils ont besoin qu’on soit tout le temps avec eux, ils n’arrivent pas à s’occuper tout seuls. C’est compliqué de se concentrer plus de cinq, dix minutes sans être interrompue», assure-t-elle.
Elle est d’ailleurs ressortie «épuisée psychologiquement» du premier confinement. «En même temps, c’est une chance, parce que d’habitude on ne les voit pas grandir. On rentre à 19 heures, ils mangent, on les couche», songe-t-elle. Au milieu des activités pâte à modeler et coloriage, Samia compte bien faire prendre l’air à ses bambins : «On va les épuiser pour qu’ils dorment le soir !»
Inès, elle, est moins sereine. «Ça va être compliqué parce qu’il va falloir gérer l’école à distance avec deux enfants en bas âge, craint cette femme de 30 ans, à la tête d’une petite tribu de quatre enfants âgés de 1 mois et demi à 6 ans. J’appréhende parce qu’au premier confinement je n’avais pas encore mon tout petit nourrisson. L’autre ne marchait pas encore, je le mettais dans son parc. C’était dur, mais là ça va être encore plus difficile.»
Surtout, elle s’inquiète pour son grand. «Il est en CP maintenant. Si les bases sont ratées, ça peut le suivre bien longtemps. Je suis démoralisée pour leur scolarité. C’est triste pour eux, ce n’est pas de l’enfance, lâche-t-elle. C’est à cet âge qu’on est censés commencer à les emmener au cinéma, à leur apprendre à se comporter dans un restaurant…»
Samia, bien qu’un peu fébrile à l’idée que ce soit de nouveau «le chaos dans la maison à la fin de la journée» durant trois semaines, veut voir le positif : «C’est un passage. Il y a pire, on est en bonne santé, ce n’est rien par rapport à ce que d’autres ont vécu. Ça va être dur, mais on relativise.» En espérant que les vitamines soient efficaces.
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