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mercredi 13 janvier 2021

Le secret de la matière

Octave Larmagnac-Matheron publié le  

© Johannes Ortner/Unsplash

De quoi est faite la matière ? Jusqu’où peut-on la décomposer ? Cette question taraude les physiciens et les philosophes depuis des siècles, de la première théorie de l’atome formulée par Leucippe à l’idée de particules développée par Newton, en passant par le modèle des quatre éléments des présocratiques. L’approche qui prévalait jusqu’ici, celle de la mécanique quantique, était fondée sur la « dualité existentielle » entre onde et corpuscules : le corpuscule « est une source de matière qui existe en un seul point, et les ondes existent partout sauf aux points qui les créent ». Mais les choses pourraient changer : dans un article paru récemment, deux physiciens américains, Jeffrey Eischen et Larry M. Silverberg affirment que, plus profondément, la matière serait intégralement constituée de « fragments d’énergie »

Impossible, à notre modeste échelle, de trancher. Et si la question était, par nature, insoluble ? C’est ce qu’affirmait le philosophe allemand Eugen Fink (1905-1975) : le principe de la matière, c’est son impénétrabilité. La volonté, scientifique, de percer ce secret est une facette, aussi inévitable que préjudiciable, de notre humaine volonté de puissance.

  • Qu’est-ce qui nous pousse donc à vouloir percer le secret de la matière ? D’abord une peur, explique le phénoménologue allemand Eugen Fink : ne dévoilant que sa surface, la matière retient en elle un inquiétant secret. La manière dont elle se montre n’est pas ce qu’elle est vraiment. La chose cache quelque chose en son sein ; elle garde, par-devers elle, une puissance obscure, mystérieuse, imprévisible, peut-être dangereuse, qui échappe à l’homme, à son contrôle – sentiment d’autant plus terrible que l’homme, lui-même, est fait de cette même étoffe, mystérieuse, dont est fait le monde. « S’installe ainsi une hostilité entre la connaissance humaine et l’étant lui-même » (Sein, Wahrheit, Welt, 1958 non traduit), qui résiste à l’intrusion.
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