Trente ans après, je retourne dans l´hôpital psychiatrique d´Erstein, près de Strasbourg où j´ai vécu enfant.
Dans les années 70, mes parents, médecins, y expérimentaient de nouvelles façons de soigner, dans des bâtiments neufs permettant aux malades mentaux d´aller et venir, de façon quasi libre. Il y avait un centre équestre pour l´équithérapie, une basse-cour, une salle de sport, le tout dans un grand parc entouré d´un grillage assez peu dissuasif, sous lequel je me glissais pour entrer dans l´hôpital, mon terrain de jeu.
Aujourd´hui, la plupart des pavillons ouverts ont été remplacés par un bâtiment clos, avec badges pour circuler et patios intégrés, afin d´améliorer la sécurité. Les chambres d´isolement dans lesquelles on enferme, voire attache les patients dangereux ou agités, ne désemplissent pas.
Pourtant, les psychiatres qui ont pris la suite de mes parents souhaiteraient toujours diminuer la contrainte sur ceux que l´on interne. Comme leurs prédécesseurs des années 70. Si bien qu´on pourrait croire que notre histoire bégaye.
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