13/11/2020
Par Emmanuel Laurentin et Rémi Baille
Coronavirus, une conversation mondiale |La pandémie bouleverse nos perceptions. Si les effets du confinement sur notre rapport au temps ont été davantage traités par la recherche, c'est moins le cas de nos représentations de l'espace. Sommes-nous perdus, égarés ou à la recherche de fuites ?
Dès le début du confinement l’équipe du Temps du débat a commandé pour le site de France Culture des textes inédits sur la crise du coronavirus. Intellectuels, écrivains, artistes du monde entier ont ainsi contribué à nous faire mieux comprendre les effets d’une crise mondiale. En cette rentrée, nous étoffons la liste de ces contributions (plus de 70 à ce jour) en continuant la Conversation entamée le 30 mars. En outre, chaque semaine, le vendredi, Le Temps du débat proposera une rencontre inédite entre deux intellectuels sur les bouleversements qu'induit cette pandémie.
Roberto Casati, philosophe de la perception, chercheur au CNRS et directeur de l'Institut Jean Nicod propose de comprendre notre sentiment de perte de repères sur le plan de l'espace et de notre incapacité, en ce moment, à voir loin. Tout en métaphores ...
Dans quelle direction aller ?
Ce que nous traversons aujourd’hui se traduit en un sentiment : la désorientation. Dans une société mondialisée qui sort et rentre de confinements, dans le sillage de centaines de milliers de morts et de dizaines de millions de chômeurs, face à un flot d'informations à évaluer sur l'épidémie et face à l'efficacité aléatoire des mesures appliquées dans les différents États, chaque jour, plusieurs fois par jour, on se pose des questions et encore des questions : quelle sera la prochaine étape ? Sur le plan personnel, de ma famille, de l'institution ou de l'entreprise pour laquelle je travaille ou que je dirige, de l'État dans lequel je vis, dans la ville où vivent mes proches? Dans quelle direction aller ? Si nous nous posons cette question, c'est parce que nous nous sentons désorientés.
La désorientation que nous connaissons relativement bien est avant tout une désorientation spatiale, le sentiment très particulier que quelque chose ne va pas comme il faudrait dans la manière dont nous « naviguons ». Un sentiment de blocage, une absence de fluidité dans nos mouvements, nous oblige à tâtonner, accompagné de la peur de faire des erreurs, là où, il y a encore une minute, nous allions vite, sans nous poser des questions, avec la perception d’être étrangers de lieux familiers.
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