par Grégory Fléchet 09.11.2020
Gérôme Truc, sociologue au CNRS, étudie depuis plus de quinze ans les réactions sociales aux attentats. À l'heure où le pays est de nouveau frappé par le terrorisme, le chercheur analyse ses répercussions dans la société à l'aune de travaux collectifs lancés après les attentats de 2015.
Vous venez de publier aux Presses universitaires de France Face aux attentats. Quelle était l'ambition de cet ouvrage collectif que vous avez coordonné avec la politiste Florence Faucher ?
Gérôme Truc1 : Il s'agissait de fédérer un ensemble de travaux en sciences humaines et sociales sur les attentats de 2015 et 2016, dont certains menés dans le cadre de l'appel « attentats-recherche » financé par le CNRS. Ces recherches se focalisent sur des aspects peu explorés jusqu'ici, à savoir l'événement terroriste en lui-même et son impact psychologique, social et politique. Nous avons d'ailleurs besoin de la collaboration entre sociologues, politistes, psychologues et spécialistes des médias pour comprendre pleinement toutes les répercussions d’une attaque terroriste et la façon dont une société y fait face. C’est ce que propose ce petit livre qui se destine à un large public.
Cinq ans après ces évènements tragiques, quels enseignements peut-on tirer de leur impact sur la société française au travers de ces travaux inédits ?
G. T. Ces résultats remettent en cause un certain nombre d'idées reçues comme le fait qu'il faut être citoyen du pays frappé par une attaque terroriste pour se sentir concerné. En réalité, le processus sociologique est plus complexe que cela, et met en branle bien d’autres facteurs. Il y a aussi cette idée très ancrée selon laquelle les attentats islamistes feraient nécessairement le jeu de l’extrême droite, ce qui est loin d’être aussi mécanique et évident. Les conclusions des travaux présentés dans Face aux attentats amènent à dresser un tableau plus nuancé.
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