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vendredi 13 novembre 2020

Disparition de Christian Simatos par Elisabeth ROUDINESCO

 SIHPP 9 FÉVRIER 2020 - Bulletin de la société internationale d'histoire de  la psychiatrie et de la psychanalyse - Cifpr 

SOCIÉTÉ INTERNATIONALE D'HISTOIRE DE LA PSYCHIATRIE ET DE LA PSYCHANALYSE

Bulletin de la SIHPP

13 novembre 2020

Chers amis 

Nous apprenons la disparition de Christian Simatos.

Vous trouverez ci-dessous  un texte d'Elisabeth Roudinesco dans lequel elle  revient sur la vie de ce  grand clinicien, curieux de l'histoire du freudisme et des ses origines.

Bien à vous 

Henri Roudier


  Christian SIMATOS 

    Membre d’honneur d’Espace analytique, où il animait un séminaire avec Marielle David, Christian Simatos est mort des suites du COVID à l’âge de 90 ans, en toute lucidité et avec ce courage que chacun lui connaissait. Psychiatre de formation, excellent clinicien, esthète et aimant participer à la vie de la communauté psychanalytique avec toujours la grâce et l’élégance qui le caractérisaient, il appartenait à la quatrième génération française, celle qui n’avait pas participé directement aux deux scissions de 1953 et 1964. 

         Analysé par Lacan en 1956, membre fondateur de l’Ecole freudienne de Paris (EFP) en 1964, puis secrétaire de 1969 à 1979, il y joua un rôle important, en recevant les candidats qui souhaitaient s’engager dans le lacanisme. Sa manière de leur poser des questions est restée dans toutes les mémoires et je me souviens de l’accueil qu’il me réserva en 1969, quand Lacan me demanda de lui rendre visite pour les « formalités ». Il voulait savoir pourquoi, n’étant à cette époque ni en analyse ni même désireuse de devenir psychanalyste, je m’intéressais aux travaux de l’EFP et de quelle manière je comptais y participer. Et au bout de quelques minutes, devant mon embarras, il me dit : « Oui, le docteur Lacan compte sur des adhésions comme les vôtres ». Et nous parlâmes du structuralisme. 

         A la suite de la dissolution de l’EFP, dont il conservait un souvenir vivace, il participa, en 1990, au lancement de l’Association pour un instance de la psychanalyse (APUI), auprès de Serge Leclaire. Comme celui-ci d’ailleurs, il faisait partie des rares cliniciens qui s’intéressaient à l’histoire du freudisme et à ses origines, lecteur émerveillé de l’ouvrage de Henri Ellenberger, Histoire de la découverte de l’inconscient, et toujours en quête de nouveaux savoirs. C’est avec une grande générosité qu’il m’ouvrit ses archives, en 1985, me donnant ainsi accès à de précieux documents qui me         permirent d’écrire l’histoire de l’EFP.   Voici comment, en 2016, il définissait l’entrée de l’inconscient dans le processus de la cure : « Imaginez une pièce de théâtre jouée par des comédiens qui tiennent leur rôle, mis à part l’un d’eux, celui-là se tenant sur le plateau sans qu’on puisse lui reconnaitre le moindre rôle. Il habite la scène et il l’habite d’autant plus qu’on se demande ce qu’il y fait, sinon s’y poser en énigme. Ce que disent les comédiens, et ce qu’en entendent les spectateurs, est du même coup problématisé, les paroles inscrites dans le livret résonnent au-delà du texte écrit, en laissant au gré de chacun s’introduire une incertitude quant à ce qui est réellement signifié. » 

Elisabeth Roudinesco


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