Par Agnès Lara 2 mars 2020
À retenir
Chez des sujets atteints de dépression psychotique et en rémission, une étude de neuro-imagerie canadienne montre que le traitement antipsychotique par olanzapine réduit l’épaisseur corticale dans les deux hémisphères par comparaison au placebo sur une durée de 36 semaines.
Selon les auteurs, ces nouvelles données doivent être prises en compte dans la balance bénéfices/risques lorsque la prescription de ces molécules est envisagée et qu’il existe des alternatives thérapeutiques, en particulier chez les sujets âgés.
Néanmoins, le fait qu’une réduction du volume cortical soit également observée sur les cerveaux de patients sous placebo et en rechute (donc seulement liée à l’activité de la maladie) par rapport aux patients traités par olanzapine est en faveur d’un maintien du traitement antipsychotique lorsque la maladie est active.
Autrefois réservé aux patients schizophrènes, l’usage des antipsychotiques s’est élargi aux dépressions majeures depuis l’arrivée des molécules de deuxième génération, s’étendant même pour d’autres pathologies aux populations pédiatriques (près de 20% des enfants autistes) et gériatriques. Face à cet usage croissant et à des données préliminaires préoccupantes chez l’animal et chez l’homme, une équipe canadienne a mis en place un premier essai contrôlé randomisé pour étudier les effets des antipsychotiques sur la structure cérébrale.
Une réduction du volume cérébral sous olanzapine
L’étude a enrôlé des sujets de 18 à 85 ans souffrant de dépression psychotique à qui de l’olanzapine et de la sertraline ont été prescrites pour une période de 12 à 20 semaines jusqu’à rémission des symptômes psychotiques et de la dépression (rémission ou quasi-rémission). À la fin de cette période, les participants ont été randomisés pour continuer à recevoir le même traitement ou de la sertraline et un placebo pour les 36 semaines suivantes. Une IRM était réalisée chez les sujets volontaires au moment de la randomisation et à la fin des 36 semaines de suivi.
Sur les 72 sujets disposant de données complètes en fin de suivi, le traitement avait impacté l’évolution de l’épaisseur cérébrale sur la durée : la réduction moyenne observée était de 1,2%, un chiffre à comparer à une perte de 0,35% tout au long de la vie chez un adulte sain. En revanche, la surface cérébrale et les volumes sous-corticaux n’étaient pas impactés. Aucune interaction du traitement n’a été observée sur l’évolution de l’anisotropie fractionnelle de la matière blanche au cours de la période de suivi. Mais une interaction avec la diffusivité moyenne dans les tractus de la matière blanche a pu être mise en évidence.
Un effet différentiel chez les patients en rémission et en rechute
Lorsque l’analyse était menée uniquement sur le groupe de patients en rémission durable (c’est-à-dire en l’absence de la maladie comme facteur confondant), l’olanzapine était associée à une réduction significative de l’épaisseur corticale des deux hémisphères par comparaison au placebo, avec un effet de taille plus important observé chez les patients de plus de 50 ans.
Cependant, une analyse exploratoire a pu montrer que lorsque seuls les patients en rechute étaient pris en considération, une réduction du volume cortical était observée chez les sujets sous placebo par rapport à ceux qui recevaient de l’olanzapine et également par rapport à ceux qui étaient en rémission et qui recevaient un placebo. Des résultats en faveur du maintien de l’olanzapine en cas de maladie active.
Références Disclaimer
Voineskos AN et al. Effects of Antipsychotic Medication on Brain Structure in Patients With Major Depressive Disorder and Psychotic Features Neuroimaging Findings in the Context of a Randomized Placebo-Controlled Clinical Trial. JAMA Psychiatry. Published online February 26, 2020. doi:10.1001/jamapsychiatry.2020.0036
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