- Le divan et le tchador
- Siamak Movahedi et Gohar Homayounpour
- Dans L’Année psychanalytique internationale 2014/1 (Volume 2014), pages 87 à 109
C
et article rapporte notre expérience de travail avec des femmes iraniennes qui engagent une cure en se couvrant d’un tchador, le vêtement traditionnel que portent les femmes en public, et recourent à ce processus de dévoilement/voilement dans les mouvements de résistance propre à la situation analytique. Bien que le tchador soit un objet social ancré dans les sphères culturelle et politique, nous suggérons que sur le plan psychique celui-ci implique plusieurs significations et sert différentes fonctions de l’économie psychique individuelle de la femme (aussi bien que de l’homme). Selon diverses configurations cliniques, il peut être considéré comme un reste de la contenance maternelle, une part de l’espace transitionnel, un deuxième moi-peau et un refuge psychique au service de la résistance ou de la défense, ou un moyen coercitif d’un surmoi destructeur. Même au sens le plus strict du code islamique, rien n’oblige une femme à se voiler devant une autre femme, aucune prescription religieuse ne requiert qu’une patiente se voile devant une psychanalyste femme.
Le tchador fait partie du code vestimentaire préislamique que plusieurs femmes traditionnelles, rurales ou religieusement dévotes portent encore aujourd’hui en Iran. Son origine remonterait à l’empire achéménide perse, au vie siècle avant Jésus-Christ. Le but du tchador était alors de garder les femmes d’un haut niveau social à l’écart des regards des roturiers (El-Guindi, 1999 ; Zahedi, 2007). Un fait intéressant, chez les Touaregs de l’Afrique du Nord, les hommes – non les femmes – portent le voile ; plus l’homme jouit d’un statut social élevé, plus il recouvre son visage. Généralement, seuls les yeux de l’homme et le dessus de son nez sont visibles.
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