L’épuisement professionnel ou burnout découle d’un stress chronique au travail. C’est un syndrome caractérisé par la sensation d’être exténué, d’éprouver un certain détachement vis à vis de son travail, et le sentiment d’être moins efficace.
La forte prévalence de ce syndrome (de 35 à 45 % selon les études) parmi les infirmières et infirmiers américains fait s’interroger sur ses conséquences en termes d’absentéisme et de manque de performance au travail.
Pour essayer d’évaluer la relation entre ces différents paramètres, une étude a été réalisée aux États-Unis en 2016 sur un échantillon national du personnel infirmier. L’hypothèse de départ était que les personnes en état de burnout étaient plus susceptibles d’être absentes et moins performantes au travail. Un questionnaire a donc été envoyé à 3 098 infirmières et infirmiers. La participation à l’étude se faisait sur une base de volontariat et les réponses étaient anonymes. Les questions abordaient outre des informations démographiques, des éléments permettant de mesurer les burnout –selon des critères validés- ainsi que le sentiment de fatigue éprouvé, l’absentéisme et le manque de performance dans le mois précédent. L’évaluation du burnout se base notamment sur le sentiment personnel d’épuisement émotionnel, de dépersonnalisation et de manque d’accomplissement personnel. Les personnes interrogées évaluaient elle même leur performance au travail.
De moindres performances au travail
Vingt-six pour cent seulement des personnes soumises à l’enquête (n = 812) ont répondu. Leur moyenne d’âge est de 52,3 ans, 94 ,5 % sont des femmes. Leur expérience dans le métier est en moyenne de 25,7 ans. Un quart travaille dans un service d’hospitalisation et la moyenne d’heures travaillées par semaine est de 41,3. Au total 35,3 % présentent au moins un symptôme de burnout et 30,7 % ont des signes de dépression. Environ 60 % ont le sentiment que leur planning de travail laisse assez de temps pour leur vie familiale et personnelle ; 56,2 % se estiment qu’elles sont habituellement très performantes au travail.
Aucune association statistiquement significative n’a pu être établie dans cette étude entre burnout et absentéisme. Néanmoins, le taux d’absentéisme pour des maladies personnelles était inhabituel dans l’échantillon observé.
Les infirmières et infirmiers de la cohorte qui présentaient des symptômes de burnout étaient plus susceptibles d’avoir une performance au travail faible (probabilité multipliée par deux), indépendamment de leur fatigue ou d’autres facteurs. A noter que ces pauvres performances peuvent avoir un impact négatif plus important sur les soins aux patients que l’absentéisme lui-même car l’infirmier ou l’infirmière ne sont dans ce cas pas remplacés.
Les résultats de cette étude suggèrent donc que le burnout est très répandu parmi le personnel infirmier aux USA et probablement ailleurs et qu’il a impact sur les performances au travail. Il paraît donc important de prendre en compte le stress au travail pour améliorer les performances de ces personnels de santé.
Béatrice Mounier
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